Le Bénin, leader en matière de transparence fiscale ?
16 octobre 2023Selon le classement annuel du Conseil sur les politiques économiques et l’Institut allemand pour le développement et la durabilité sur l’indice mondial de transparence des dépenses fiscales, c'est la Corée du Sud qui occupe la première place, suivie du Canada.
En Afrique, le Bénin arrive en tête et occupe la huitième place au plan mondial, juste après les Etats-Unis et l’Italie.
Ce classement serait le fruit des réformes mises en place par le gouvernement depuis 2016 pour accroître la transparence des dépenses publiques, explique Nicolas Yenoussi, directeur général des impôts. Il explique que "début septembre, il y a eu un séminaire à Accra qui a regroupé les administrations fiscales de la sous-région avec les députés et au niveau de l'UEMOA, l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Le rapport du Bénin sur les dépenses fiscales a été très apprécié. En dehors de cela, les évaluations avec le Fonds monétaire international dans le cadre des programmes qui sont en cours font l'objet d'une appréciation des rapports sur les dépenses fiscales du Bénin."
Cinq critères
Dans ce classement, précise le rapport, les pays sont évalués sur la base de cinq critères : la disponibilité publique des rapports sur les dépenses fiscales, le cadre institutionnel, la méthodologie utilisée, les informations détaillées sur les entreprises cibles et celles sur les recettes perdues.
"Quand on parle de dépenses fiscales, on parle aussi de toutes les exonérations fiscales que le gouvernement utilise pour attirer des investisseurs ou augmenter la consommation de biens et de services. On ne parle pas de la qualité de l’usage des dépenses ni de la quantité, mais bien de la qualité du compte rendu. Le problème majeur, c’est que ces dépenses fiscales ne sont souvent pas transparentes. Et elles sont pourtant considérables ! Elles peuvent représenter 4% du PIB voire le quart des revenus collectés sur les taxes. Certains pays n'ont même pas de rapport, précise Christian von Haldenwang, expert à l’Institut allemand pour le développement et la durabilité et l'un des auteurs de ce rapport.
Peut mieux faire
S'il se réjouit de la place que son pays occupe dans l’indice mondial de transparence des dépenses fiscales, Nathael Kitti, chef du département de sciences politiques à l'Université d'Abomey-Calavi, estime que des efforts supplémentaires doivent être consentis, surtout dans la lutte contre la corruption.
"Ce classement corrobore l'ensemble des réformes engagées depuis quelques années pour la transparence budgétaire. Il faut aussi se méfier du caractère trop flatteur quelquefois de certains classements. Vous savez, au pays des aveugles, les borgnes sont rois", affirme pour sa part Joël Atayi Guedegbe, président de l’ONG béninoise Nouvelle éthique et expert en gouvernance.
Dans ce classement, le Niger, qui a connu de récentes et importantes affaires de corruption dans le domaine militaire, apparaît ainsi à une étonnante onzième place. Tandis que près d’une vingtaine de pays africains n’apparaissent pas dans le classement, faute de données.
Selon Wilfried Léandre Houngbédji, le secrétaire général adjoint et porte-parole du gouvernement, le classement 2022 de Transparency International a placé le Bénin à la 72e place sur 180 pays dans le monde. Le Bénin a grimpé de six points par rapport à 2021.
Dans son rapport sur l’Indice de Perception de la Corruption (IPC) 2022, publié le 31 janvier 2023, l’organisation classe le Bénin 8ème ex-aequo au même titre que le Ghana, le Sénégal et l’Afrique du Sud. Un progrès pour le Bénin qui, en 2015, était à la 15ème place en Afrique et 83ème dans le monde.