Premières attaques djihadistes contre l'armée au Bénin
2 décembre 2021Une position de l'armée béninoise située à Porga, à la frontière avec le Burkina Faso, a été prise pour cible dans la nuit de mercredi à jeudi. Cette attaque fait suite à une autre survenue mardi dans une localité différente, toujours à la frontière avec Burkina Faso. Le bilan fait état de trois personnes tuées, dont deux dans le camp de l'armée béninoise et plusieurs blessés.
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Un danger bien réel
Deux attaques terroristes en deux jours, un coup dur pour le Bénin. Pour l'état-major de l'armée de terre, touchée par ces attaques, cette nouvelle épreuve montre que le danger est réel sur le terrain. L’information a été confirmée par le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique.
Alassane Séidou était dans la matinée devant les responsables en charge de la sécurité dans le département de l'Atacora.
"Dans la commune de Banikoara, l'arrondissement de Suroko, dans un village dénommé Mékrouyinyin, il y a une victime dans leur camp. Hier, ils ont frappé chez nous, nous avons aussi enregistré une victime, il y en a eu aussi dans leur camp. Si on a pu leur infliger cela, c'est parce qu'on s'attendait à ça. C'est parce que beaucoup de choses ont été faites en amont " précise le ministre.
Depuis plusieurs mois en effet, les positions militaires ont été sérieusement renforcées au niveau des localités frontalières avec le Burkina Faso. Et c'est justement l'une des bases avancées de l'armée qui a été investie dans la nuit de ce mercredi.
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"Ça n'arrive pas qu'aux autres"
Selon un habitant de Porga, dont un parent militaire était de l'opération, les terroristes ont attaqué le campement près de la rivière Pendjari et des tirs nourris ont été échangés entre les deux camps.
Si l'armée béninoise a réussi à repousser les djihadistes, elle a tout de même enregistré un mort, comme dans l'attaque de la veille dans le lit de la rivière Mékrou, dans le département de l'Alibori.
Selon le communiqué rendu public par l'Etat-major de l'armée de terre, les blessés sont évacués pour une prise en charge appropriée dans une structure sanitaire. Le ministre Alassane Séidou rappelle ainsi que le Bénin n’est désormais plus épargné.
"Comme nous avons l'habitude de le dire, ça n'arrive pas qu'aux autres et nous sommes en train d'avoir la preuve que ça peut nous arriver aussi. Heureusement que nous avons anticipé " tente t-il toutefois de rassurer.
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Pour le ministre béninois de l'Intérieur, de nouvelles stratégies et surtout une synergie d'action dans la sous-région s'imposent pour faire face aux attaques djihadistes.
"Ces terroristes, ils ont des ambitions territoriales illimitées, ils ne veulent pas se limiter aux pays du Sahel. Ils ont déjà frappé plusieurs fois la Côte d'ivoire, ce n'est pas aujourd'hui qu'ils tentent de venir vers notre pays. C'est parce que nous avons un certain niveau d'organisation qu'on a tiré jusqu'à ce jour à plusieurs reprises. Nous avons frappé en amont, nous avons anticipé. Ils sont nombreux aujourd'hui dans nos mains mais malgré cela ils ont insisté jusqu'à frapper. Ça veut dire que si on ne fait rien, ils ont l'ambition d'aller très loin " précise t-il.
La présence des groupes extrémistes dans cette zone entre le Bénin et le Burkina Faso est un autre défi sécuritaire majeur qui nécessite donc un état de veille permanent.