Calvaire des migrants en Libye, l'histoire de Khalid
6 décembre 2017Khalid Karhi est Marocain. En juin dernier, des camarades qui avaient réussi leur traversée vers l’Europe l’ont encouragé à les suivre. Souhaitant rejoindre sa petite amie en France, le jeune homme de 26 ans abandonne son travail de chauffeur de remorque.
Espoirs brisés
"On a pris l’avion jusqu’en Algérie. Après, il y avait un homme avec des voitures, on a traversé le désert algérien, le désert tunisien jusqu’à Sabratha" raconte Khalid.
Etant donnée la situation sécuritaire en Libye, Khalid Karhi ne comptait pas faire escale longtemps. Il est donc venu avec toutes ses économies. La route lui a coûté 2.000 euros, une place dans un bateau 3.000.
"Depuis le moment où on est monté sur le bateau j’ai pensé qu’on n'allait pas réussir car le moteur n’était pas bien et le bateau était déchiré d’un côté et beaucoup d’eau entrait. C’est moi qui écopait pour ne pas mourir" poursuit-il.
Sauvé par les gardes côtes libyens, Khalid Karhi a d’abord été détenu dans un camp à Zawyia. Il y serait resté deux semaines mais il n’en est pas très sûr."On était tout le temps dans une pièce fermée. On ne voit plus le temps, la nuit ou le jour c’est pareil. Et la nourriture était très mauvaise. Le matin, un petit pain avec du fromage. Et on attend jusqu’au dîner. Des pâtes. Imagine 15 jours, des pâtes, des pâtes, des pâtes", enchaine-t-il.
Depuis, Khalid a été transféré dans un autre centre, celui de Tarik Sikta à Tripoli, censé accueillir les migrants qui seront prochainement rapatriés.
Dur retour à la réalité
Si les migrants dorment sur de minces matelas à même le sol, à quelques centaines par pièces, les conditions sont bien meilleures ici.
Des climatiseurs ont été installés et les organisations internationales viennent régulièrement. Pourtant, en cette mi-septembre, Khalid et ses compatriotes marocains ont entamé une grève de la faim. "On ne veut pas manger car on veut que quelqu’un parle à notre ambassadeur pour le pousser à venir nous voir et trouver une solution pour sortir d’ici", conclut-il.
Khalid veut rentrer chez lui rapidement. Il redoute l’attente. Le dernier groupe de Marocains rapatriés a attendu quatre mois dans ce centre.