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Cameroun : la fin du calvaire pour les employés de maison

Elisabeth Asen
26 septembre 2022

En octobre prochain, la CNPS va lancer une campagne de recouvrement des cotisations sociales des employés de maison, ce qui devrait leur donner un statut reconnu et une couverture sociale.

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Une employée de maison
Image : Luciano da Conceição/DW

"Immatriculée comment ? Moi je ne connais pas ça…oui je suis ménagère depuis quinze ans on me paye parfois 30.000, parfois 25.000 FCFA. Moi je vis comme ça depuis."  

Comme Clémentine Mbezele, la quarantaine, ils sont nombreux ces travailleurs domestiques qui ignorent leurs droits. Et la façon dont ils sont traités par leurs employeurs laisse souvent à désirer.

"Au départ, ma patronne m'avait dit que je devais laver uniquement ses vêtements, ceux de ses deux fils et nettoyer la maison. Après un moment je me suis retrouvée à laver aussi les vêtements de sa maman, la fille de sa sœur et même de ses autres enfants qui étaient à la maison. Elle m'avait dit qu'elle me paierait 50.000 FCFA par mois mais à ma grande surprise à la fin du mois, elle me donne 30.000."  

Cette expérience, vécue par Virginie Chimi, 24 ans, correspond au quotidien des employés domestiques au Cameroun. 

Une campagne spéciale pour protéger les employés domestiques

Consciente de leur situation précaire, la CNPS (Caisse nationale de prévoyance sociale), entend rétablir ces employés dans leurs droits, comme l'explique Eric Ava, son directeur du contrôle interne :

"Nous avons constaté qu'au regard du nombre de plaintes des travailleurs de ce secteur d'activité, le ratio restait encore insuffisant. Ce qui nous a amené à conclure qu'il y avait un fort taux d'employeurs de main d'œuvre domestique qui restaient soustraient à l'obligation d'immatriculer, de déclarer et de payer les cotisations sociales de leurs employés, ce qui met à mal la couverture sociale de cette catégorie de travailleurs."

La CNPS a donc décidé d'organiser une campagne spéciale pour protéger les employés domestiques. Prévue pour démarrer début octobre, elle vise à contraindre toute personne employant une main d'œuvre domestique à domicile ou en un lieu privé, à déclarer son employé, à l’immatriculer et à payer des cotisations mensuelles qui s'élèvent à 7.000 FCFA.  

Bientôt la fin du calvaire

Arlette Bwaka, coordonnatrice nationale de projet au bureau international du travail, se réjouit de ce que les droits de ces travailleurs soient enfin rétablis :  

"Les travailleurs domestiques au Cameroun vivent vraiment dans des conditions précaires. Vous avez des employeurs domestiques qui ont dans leur maison des personnes qu'ils emploient mais ne les considèrent pas comme travailleurs. Vous avez aussi le travailleur domestique qui ne se considère pas lui-même. Il a l'impression que c'est une faveur qu'on lui fait. Il travaille sans contrat, il n'y a pas de modalité de travail qui soit arrêtée", explique-t-elle.  

Plus de cinquante ans après le décret qui organise le travail domestique au Cameroun, les employés de maison pourraient enfin voir la fin de leur calvaire. Les employeurs ont donc jusqu'à la fin du mois de septembre pour faire immatriculer leurs employés auprès d’un centre de prévoyance sociale ou en ligne.