Cameroun : Maurice Kamto a été libéré
5 octobre 2019Cette libération intervient au lendemain de la décision de Paul Biya d'exiger l'arrêt des poursuites judiciaires engagées contre Maurice Kamto et ses proches, comme par exemple le rappeur Valsero (de son vrai nom Gaston Abe Abe).
"Le tribunal donne acte au Ministère public, constate l'arrêt des poursuites" et "ordonne leur mise en liberté s'ils ne sont pas détenus pour autre chose" que ce qui leur est reproché, a déclaré la présidente de la Cour, devant laquelle 102 personnes comparaissaient, dont Maurice Kamto.
Joie à l'issue de l'audience
Si le président du MRC (Mouvement pour la renaissance du Cameroun), ses co-détenus et ses militants sont restés calmes dans la salle du tribunal, ils ont laissé éclater leur joie dès la fin de l'audience. Par la suite, Maurice Kamto est monté dans le camion le ramenant à la prison pour les formalités administratives, tandis que les autres détenus scandaient "Kamto, notre président, le peuple t'a choisi", en référence à l'élection présidentielle de 2018, remportée par Paul Biya, mais dont les résultats avaient été contestés par le MRC, estimant que cette élection avait été remportée par Maurice Kamto, arrivé deuxième.
Un coup d'éponge
Selon Henri Fotso, notre correspondant au Cameroun, aucune charge n'a été retenue contre Maurice Kamto, ni contre ses co-détenus, à l'exception de Mamadou Mota, le premier vice-président du MRC, qui avait démarré des manifestations en prison. La justice doit encore trancher sur son cas. "C'est un coup d'éponge qui a été passé", estime Henri Fotso. "Ces neuf mois de prison ne figureront pas sur son casier judiciaire. M. Kamto pourra continuer à exercer tranquillement en politique."
Par ailleurs, Maître Emmanuel Simh, avocat deuxième vice-président du MRC, s'est déclaré "content" d'avoir été libéré, mais ne souhaite pas remercier le chef de l'Etat pour cela. "On n'a personne à remercier. Comment pourrais-je remercier quelqu'un qui me prend en otage et qui me remet en liberté ? Je suis content d'être en liberté mais je ne le remercie pas."