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Les Mbororos inquiets de voir leurs ressources diminuer

Henri Fotso
14 août 2023

A Didango dans le Noun, dans l'ouest du Cameroun, les surfaces cultivables réduisent chaque jour un peu plus les espaces de pâturages, ce qui alimente des conflits entre éleveurs et agriculteurs.

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Eléveurs peuls avec se beoufs
Image : Marco Simoncelli/DW

Au milieu des vastes terresvolcaniques du sultanat bamoun, sur les hautes terres de l'Ouest-Cameroun, Didando, un village de 450 hectares est coiffé par un chef de troisième degré. On y trouve des plantations de maïs, de tomates, de haricots, de pommes de terre et autres cultures saisonnières.

Garga Moussa et Njoupou Aminch Abdou sont deux agriculteurs qui témoignent de la situation critique qui prévaut dans cette localité. "J'ai eu à faire un champ d'un hectare et demi dans lequel j'ai mis le haricot et le maïs. Mais les bœufs ont tout dévasté ce champ-là. Je n'ai rien récupéré", dit Garga.

"Le bœuf nous gêne. Vous avez vu comment on se bat ici avec la clôture avant de faire un champ. Quand on travaille comme ça, le bœuf vient entrer dans la plantation. Nous qui sommes le bas peuple, on ne peut pas aller devant avec celui qui a le bœuf-là", explique Njoupou.

Ceux qui ont les bœufs, ce sont les Mbororos

Un peuple d'éleveurs traditionnellement nomades que redoutent ces agriculteurs. Pourtant de leur côté, les éleveurs s'estiment spoliés de leurs pâturages, selon Adam Saïd, berger mbororo. "En tant qu'éleveur, la difficulté que nous avons ici avec les agriculteurs, elles sont énormes. Actuellement, les limites qui étaient prévues entre l'élevage et l'agriculture, les agriculteurs ont tout envahi cet espace-là."

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Dans les autres localités agro-pastorales du Noun, comme au Mont Mbapit, à Kouden et à Kouchankap, des agriculteurs sont aussi accusés d'avoir envahi les zones pastorales, portant régulièrement atteinte à l'intégrité physique des bovins.

Amadou Rouphai est le Chef mbororo de Didando depuis 2007. "Nous nous retrouvons obligés de réduire notre cheptel, ce qui est vraiment insuffisant pour nourrir toute la nation. C'est pour cela que je demande à l'administration publique de revoir ce problème afin que l'élevage perdure dans notre pays", décalre le chef de Didando avant de marteler : "Au fil du temps, nous avons peur des affrontements. Si l'Etat ne regarde pas cette affaire à la loupe, et dans les délais requis pour que le vivre ensemble perdure, pour que les autres communautés puissent comprendre que nous ne sommes pas des étrangers, nous sommes des Camerounais, nous devrions nous respecter mutuellement."

De plus en plus contraints à la sédentarité, les Mbororos sont généralement des éleveurs et des commerçants. Formant moins de 10% de la population totale selon le ministère de l'Administration territoriale, ils constituent l'un des 250 groupes ethniques du Cameroun. 

Vue arienne sur un carrefour de Douala la nuit
Henri Fotso Correspondant au Cameroun pour le programme francophone de la Deutsche Welledwfrancais