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Camps d'internement au Xinjiang : la Chine contredite

25 novembre 2019

D'après le Consortium des journalistes d'investigation, ces centres ne servent pas à la formation comme le prétend Pékin. Des documents dévoilent une vaste politique de répression visant la minorité musulmane ouïghoure.

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China | Muslime | Umerziehungslager
Une tour de contrôle érigée dans un angle de clôture d'un camp supposé servir à la formation (31.05.19)Image : Getty Images/AFP/G. Baker

"C'est une campagne d'assimilation sans pareille"- Adrian Zenz

Les documents classés confidentiels émanent du parti communiste chinois et ont été transmis au Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) par des membres de la communauté ouïghoure en exil. Mais une source sur place dans la province du Xinjiang est aussi citée.

Ces documents contiennent des instructions et des recommandations au sujet des mesures sécuritaires prises dans les camps installés dans la région du nord-ouest de la Chine où vit une majorité de Ouïghours.

 

China Überwachungskameras in Xianjiang
Des caméras de surveillance en pleine rue d'Urumqi, capitale de la province du Xinjiang (02.07.10)Image : Getty Images/AFP/P. Parks

Un traitement comme en prison

Les pratiques concernent l'enfermement dans des cellules, une vidéosurveillance permanente, des écoutes téléphoniques et des pratiques d'espionnage à l'étranger par le biais des consulats et ambassades. Pour Adrian Zenz, expert à la Fondation du mémorial des victimes du communisme à Washington, "ces documents sont de par leur teneur l'illustration la plus claire et la plus précise de la réalité. C'est une campagne sans pareille d'assimilation, de répression et de rééducation".

Adrian Zenz, comme d'autres experts, constate que ces documents viennent contredire la ligne officielle de défense de la Chine. Pékin explique en effet qu'il s'agit de centres de formation et de dispositif pour la lutte anti-terroriste.

 

Screenshot ICIJ International Consortium of Investigative Journalists
Capture d'écran du site du Consortium international des journalistes d'investigationImage : icij.org

Des éléments contradictoires

Parmi les rares responsables chinois à s'exprimer sur le sujet il y a l'ambassadeur à Londres. Une semaine avant les révélations du consortium de journalistes, le diplomate chinois Liu Xiaoming parlait de fausse information.

Même son de cloche du côté du ministère des Affaires étrangères à Pékin dont le porte-parole, Geng Shuang, déclarait il y a quelques jours que "c'est précisément à cause de la série de mesures préventives, de contre-terrorisme et de déradicalisation prises à temps que le Xinjiang, qui a été sévèrement touché par le terrorisme, n'a pas enregistré un seul acte terroriste depuis trois ans".

En Allemagne, le gouvernement a souvent critiqué l'existence de ces centres d'internement. Mais depuis les révélations du Consortium international de journalistes d'investigation, l'opposition élève la voix et demande à Berlin de dépasser ses intérêts économiques en exprimant une condamnation claire de la politique chinoise au Xinjiang.

 

Symbolbild Weltbevölkerungstag China Ubahnstation in Beijing
Dans une station de métro à Beijing (11.07.16)Image : picture-alliance/dpa/H. H. Young

L'opinion chinoise manipulée ?

La population chinoise sait peu de choses sur ce qui se passe dans les camps. Et une campagne du gouvernement tente de dissuader les Chinois de se rendre au Xinjiang sous prétexte de l’insécurité qui y régnerait.

Quant à la communauté internationale, elle apparaît divisée entre les pays qui condamnent la Chine et ceux qui soutiennent Pékin. Parmi ceux-ci on compte plusieurs Etats africains dont le Togo, le Cameroun, l’Algérie, l’Angola, le Burkina Faso, le Burundi, les Comores, l’Egypte, l’Erythréee, le Gabon, le Nigeria, la RDC, la Somalie, le Soudan, le Soudan du Sud et le Zimbabwe.

En 2014, le président chinois Xi Jinping a lancé ce qu’il a appelé une "guerre du peuple contre le terrorisme" en réponse aux attaques menées par des militants ouïghours radicaux. Fin 2016, la répression s’intensifie dramatiquement avec la nomination de Chen Quanguo, un membre de l’aile dure du parti communiste, à la tête de la province de Xinjiang.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum