Case prison pour les migrants échoués en Libye
28 avril 2015Pieds nus, Lamin Kébé est assis dans la cours du centre de détention de Zawyia, à 45 kilomètres à l’ouest de Tripoli. Arrêté en décembre dernier, ce Sénégalais explique pourquoi il a décidé de rejoindre la Libye en juin 2014 : « Nous sommes venus ici pour rendre favorable nos conditions de vie. Travailler, construire notre futur. Si les conditions sont favorables ici, on reste en Libye pour travailler. Si elles ne sont pas favorables, on cherche à partir ou à passer. Si on ne peut pas passer, on retourne en arrière. »
Loin du but
Force est de constater que les 420 clandestins du centre de détention sont bien loin des objectifs qu’ils s’étaient donnés. Prisonniers des autorités libyennes depuis des mois, ils ne peuvent ni travailler, ni quitter le pays. Et les conditions de vie dans ce centre de détention sont loin d’être celles dont ils rêvaient. Boubaker Bari, un Guinéen de 19 ans, raconte le quotidien du centre:
« La journée on nous enferme dans les chambres. On nous traite comme des animaux.
- ils vous traitent mal ? Ils vous battent ou pas ?
- Certains oui, il y a des groupes qui nous battent pas… Comme ce groupe la, il n’y a pas de problème. Mais il y en a d’autres qui nous battent, nous battent vraiment. C’est un peu difficile, ils nous battent beaucoup et ils nous insultent.
- Vous voyez des médecins ?
- Oui parfois, il y a des gens qui viennent ici, qui demandent s’il y a des malades. Mais tous les gens qui sont là sont malades
- C’est pour ça que les gardes portent des masques ?
- Ils disent que nous sentons.
- Mais vous avez des douches, de quoi vous laver ou c’est difficile ?
- Non les douches vraiment, c’est insupportable. Vous allez visiter vous allez voir. Quand je dis « douches », c’est parce que j’ai peur de la répression. »
Des conditions difficiles
Les douches sont en fait constituées d’une arrivée d’eau et d’un trou, le tout séparé du dortoir par une couverture ou un rideau. Il y en a cinq pour 420 personnes.Les mauvaises conditions de vie entraînent des tensions. Le lieutenant Khaled Attumi, directeur du centre, affirme que les migrants sont parfois violents. « Toujours, ils essayent de s’enfuir. Et hier, ils ont essayé de battre un policier. »
La nourriture est un autre problème. Les détenus s’en plaignent, et le directeur, Khaled Attumi, les comprend : « La nourriture n’est pas bonne, parfois ils ont du pain, parfois non. Parfois ils apportent des sodas, comme du coca cola, parfois non. Pas toujours. Vous savez pourquoi ? Parce que l’entreprise, ça fait deux ans, et c’est maintenant la 3ème année, que le gouvernement ne l’a pas payée. » Désabusé, Khaled Attumi, n’hésite pas à menacer : « Le gouvernement ne nous donne pas un seul dinar. Qu’est-ce que je peux faire ? Si ça continue, je les laisse tous partir ! »