Ce que demandent les Maliens aux autorités de Bamako
31 janvier 2019Le SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) a présenté à Bamako son Livre blanc pour la sécurité, élaboré en coopération avec son partenaire local, la Coalition nationale de la société civile pour la lutte contre la prolifération des armes légères.
Cet ouvrage, remis aux autorités maliennes, est l'aboutissement d'une étude menée sur plusieurs années auprès de la population malienne afin de faire remonter ses souhaits et préconisations en matière de sécurité.
Régionaliser les solutions
Les Maliens rencontrent de nombreux problèmes dans leur quotidien, d'où une première recommandation du Livre blanc au gouvernement : il faut abandonner la lecture purement bamakoise du Mali et mieux prendre en compte les organisations de la société civile dans la recherche de solutions.
Dans le Nord, c'est d'abord le vide laissé par les autorités centrales du côté des services de base qu'occupent d'autres acteurs qui tentent de "se substituer à l'Etat".
Or, 80% des personnes interrogées souhaitent que le financement des services publics reste assuré par l'Etat, notamment dans les secteurs de la santé et de l'éducation.
Impliquer les femmes
Les habitants du Nord se défient également de Barkhane et des autres interventions internationales qui apportent une réponse militaire à des problèmes dont la racine est aussi sociale et économique.
Le Livre Blanc recommande aussi d'impliquer davantage les femmes dans les différents processus mis en place pour ramener la paix. Et de mieux protéger les femmes et les filles, confrontées aux violences et à un surtaux de déscolarisation précoce.
Prendre en compte les zones rurales
Dans le centre du pays, les habitants des zones rurales réclament une sécurisation des récoltes et de la transhumance, l'installation de puits et une meilleure information contre les "fake news".
Autant de mesures qui pourraient faire retomber les tensions entre communautés et seraient plus en phase avec leurs besoins réels que, par exemple, l'interdiction des deux-roues à Mopti qui gêne beaucoup d'habitants.
Développer les infrastructures de base
Et puis dans le Sud il y a aussi beaucoup à faire : développer les voies de communication, améliorer le raccordement à l'eau courante ou l'accès au soin. Autre proposition simple : éclairer les rues, pour enrayer l'essor de la petite criminalité.
Autant d'idées pour restaurer l'autorité de l'Etat en prenant en compte les préoccupations réelles de la population.