Centrafrique : début de la campagne électorale
12 décembre 2020La campagne pour le premier tour des élections présidentielle et législatives s'est ouverte officiellement samedi, en Centrafrique, pays en guerre civile depuis plus de 7 ans.
Le président sortant, Faustin Archange Touadéra, apparaît comme le favori de la présidentielle après l'invalidation de la candidature de son plus grand rival, l'ex-président François Bozizé.
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Les électeurs, environ 1,8 million, seront appelés à désigner un président et 140 députés. Un second tour est prévu pour le 14 février.
La présidente de l'Autorité nationale des élections (ANE), Marie-Madeleine N'Kouet Hoornaert, a exhorté les candidats à battre campagne dans le respect de la cohésion sociale, sans prôner la violence et la division, en insistant sur des propositions concrètes de solutions pour une sortie durable de crise.
"Que chaque acte des candidats, chaque mot, chaque parole aille dans le sens de l'allègement de la souffrance du peuple et concoure à la cohésion sociale", a-t-elle indiqué à l'adresse des 17 candidats à la présidentielle et du millier de candidats aux législatives.
Seize candidats contre Touadera
Pour la présidentielle, 17 candidats sont en lice, dont M. Touadéra, outsider élu par surprise au second tour en 2016.
Parmi les 16 autres candidats, figurent notamment trois anciens Premiers ministres, Anicet-Georges Dologuélé, Martin Ziguélé et Nicolas Tiangaye ainsi que Catherine Samba Panza, présidente de transition entre 2014 et 2016.
L'Equation Bozizé
La Cour constitutionnelle a cependant invalidé le 3 décembre, la candidature de François Bozizé, au motif qu'il est poursuivi dans son pays notamment pour "assassinats" et "tortures" et sous le coup de sanctions de l'ONU qui lui reproche d'avoir soutenu, depuis son exil, la contre-insurrection de milices dites anti-balaka.
Aujourd'hui, François Bozizé cristallise les inquiétudes. Le camp Touadéra accuse ce putschiste récidiviste, de 1983 jusqu'à sa prise du pouvoir en 2003, de vouloir tenter un nouveau coup de force.
Depuis l'invalidation de sa candidature, ce général à la retraite est parti en brousse, dans un de ses fiefs du Nord-Ouest, où il demeure très populaire. C'est aussi un important foyer de milices qui lui sont restées fidèles et il pourrait être tenté de recruter des hommes, redoutent des diplomates et des ONG.
Un pays fragilisé par les violences
La Centrafrique a été ravagée par les combats après qu'une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, a renversé M. Bozizé en 2013. Les affrontements entre Séléka et milices anti-balaka, majoritairement chrétiennes et animistes, ont fait ensuite des milliers de morts. L'ONU a accusé en 2015 les deux camps de crimes de guerre et de crimes contre l'Humanité.
Les violences ont considérablement baissé notamment après un accord de paix en février 2019 entre 14 groupes armés et le gouvernement de M. Touadéra mais les milices, ex-Séléka, ex-anti-balaka ou autres, continuent sporadiquement de s'en prendre aux civils, même si les motifs de ces exactions sont aujourd'hui bien davantage crapuleux que communautaristes. Les groupes armés se disputent notamment le contrôle des ressources du pays, bétail et minerais principalement.
La Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), forte de 11.500 Casques bleus, va déployer un important dispositif pour assurer la sécurité du vote.