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En Centrafrique, des victimes de violences indemnisées

18 septembre 2024

Les victimes du massacre de Paoua ont reçu des réparations après un jugement de la Cour pénale spéciale de la Centrafrique.

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Des habitants dans les rues de Paoua
L'indemnisation des vicitmes de Paoua est un petit pas, mais un pas important dans le processus de réparation des victimes des violences.Image : Barbara Debout/AFP

Le 21 mai 2019, des éléments du groupe armé 3R (Retour, réclamation, réconciliation) avaient lancé une série d'attaques contre la ville de Paoua, située dans le nord du pays. 46 civils avaient été tués dans ces attaques, selon Human Rights Watch.

Après un ultimatum de la mission de l'Onu, la Minusca, et du gouvernement centrafricain au leader du groupe 3R, trois coupables présumés avaient été livrés par le groupe aux autorités judiciaires du pays. Issa Sallet Adoum, Yaouba Ousman et Mahamat Tahir, les trois accusés dans cette affaire, avaient été déclarés coupables de "crimes de guerre et crimes contre l'humanité", et condamnés, en juillet 2023, à 20 ans et 30 ans de réclusion par la Cour pénale spéciale, la CPS, une juridiction chargée des crimes de guerre et crimes contre l'humanité dans le pays.

La CPS assure désormais avoir "remis les réparations prononcées par la chambre d'appel aux parties civiles", "soit neuf victimes directes des crimes, dont cinq victimes de violences sexuelles et 32 familles affectées". Au total, une somme de 18.855.000 francs CFA, soit environ 28.745 euros, a été remise fin août. 

Bertin Botto est l'un des responsables du Collectif des associations des victimes de Centrafrique. Pour lui, le montant des indemnisations reste trop faible, même s'il reconnait que c'est un pas important.

Ecoutez ou lisez l'interview avec la DW.

"C'est un début..." Bertin Botto

 

DW : Comment réagissez-vous à l'annonce d'indemnisation par la CPS? 

Bertin Botto : Les victimes ont reçu des indemnisations, des réparations, mais ce n'est pas ce que nous attendons de la Cour pénale spéciale.Le montant qui leur a été alloué, ce n'est pas ça. C'est très maigre:

DW : mais dans tous les cas, c'est la première fois qu'une mesure de réparation ordonnée par une juridiction a été mise en œuvre au bénéfice des victimes, parties civiles. Est-ce que ce n'est tout de même pas un pas, un pas important dans la bonne direction quand même?

Bertin Botto : Les victimes ont reçu quelque chose de la part de la Cour pénale spéciale en matière d'indemnisation. Ça, c'est déjà un début de commencement. Non seulement ça, la Cour pénale de la Chambre d'assises avait condamné les trois présumés auteurs. Donc, ça, c'est déjà une réparation pour nous, les victimes.

Nous, on se réjouit pour cette condamnation et on se réjouit aussi par rapport au premier pas qui vient d'être posé par la Cour pénale spéciale en indemnisant ces victimes là, c'est déjà quelque chose.Je crois que peut être que pour la prochaine fois, on va essayer d'augmenter ce montant là.

DW : Justement, quelle va être la prochaine étape? Est ce qu'il faut s'attendre à ce que d'autres victimes soient également indemnisées?

Bertin Botto : Il y a le procès de Ndélé 1 qui n'est pas achevé, qui est reporté, de toutes les manières nous voulons que vraiment ces victimes soient  indemnisées et qu'il y ait des formations à l'endroit de ces victimes là, parce qu'elles ne peuvent pas rester éternellement victimes.

Et il faudrait qu'il y ait des formations à l'endroit de ces victimes pour qu'elles fassent des AGR (activité génératrice de revenus). Ou peut être des travaux champêtres.

DW : c'est un jugement de la CPS qui a quand même permis l'indemnisation des victimes, mais c'est une cour qui est souvent critiquée pour sa lenteur.

Bertin Botto : Effectivement, parlant de cette lenteur, c'est tout le monde qui en parle, pour la simple raison que vous êtes sans ignorer que le procès Ndélé 1 a démarré depuis décembre 2023 et jusqu'à ce jour, ce n'est pas encore fini, ce n'est pas clos.

Donc c'est déjà grave pour nous parce que nous pensons que pour le second mandat de la Cour pénale spéciale, il va falloir qu'il y ait au moins dix procès comme ça, ça va peut être apaiser les cœurs des victimes. Malheureusement déjà on tend vers une année, il y a un seul procès et je me pose la question de savoir si les quatre ans qui restent là, est-ce qu'ils vont pouvoir dépasser ce cap là, je ne sais pas.

Mais néanmoins, en tant que victime, en tant que responsable des victimes, je critique cette lenteur et je ne suis pas vraiment satisfait par rapport à cela.

DW Französisch Carole Assignon
Carole Assignon Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welledw_afrique