Centrale de Fukushima : inquiétude grandissante au Japon
15 mars 2011De fortes répliques continuent d’ébranler l’archipel, carburant et vivres se font rares et le courant est rationné. Et comme si cela ne suffisait pas, la peur d’une véritable catastrophe nucléaire dans la centrale de Fukushima et ses environs croît d’heure en heure. Et la situation des survivants du séisme et du tsunami reste aussi préoccupante.
Quatre jours après le séisme, les sauveteurs ont retrouvé deux survivants sous des décombres. Ils seront, on le craint, les derniers. Maintenant le travail des secouristes - 100.000 soldats et des milliers de civils japonais et étrangers - est de porter secours aux plus de 500.000 sinistrés accueillis dans des établissements publics. Ils ont besoin d’eau potable, de vivres, de médicaments et d’assistance psychologique. Il faut aussi réaménager les principales infrastructures détruites tout le long de la côte est. Et après une troisième explosion et un incendie, la nuit dernière, sur le site de la centrale de Fukushima, la radioactivité dégagée a atteint un niveau dangereux pour la santé autour du site, c’est ce qu’a déclaré le gouvernement japonais lui-même.
« Il ne fait aucun doute qu’à ce niveau, il y a des conséquences pour la santé de la population », a expliqué le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano.
Le Japon a informé l’Agence internationale à l’énergie atomique, à Vienne, que le taux de radioactivité aux alentours de la centrale a fortement augmenté et demandé à l'AIEA d’envoyer une équipe technique.
Pour la première fois, il a été officiellement confirmé qu’une enceinte de confinement d’un des 4 réacteurs endommagés n’est plus étanche. Le Premier ministre Naoto Kan : « La radioactivité dégagée est très forte et elle risque désormais d’augmenter encore fortement . »
Dans un rayon de 30 km autour de la centrale, les habitants sont appelés à rester chez eux. Mais même des habitants de régions plus éloignées de Fukushima se sentent menacés, comme cette femme de la ville de Aizu-Wakamatsu, à plus de cent kilomètres de distance : « Je ne sors pas. J’essaie de rester à la maison et de ne pas m’exposer à l’air. »
Malgré le calme relatif et la discipline qui règnent parmi les quelques 200.000 personnes évacuées, nombreux sont ceux qui se sentent mal informées par le gouvernement :
« C’est la radioactivité qui nous fait le plus peur, bien plus qu’un tsunami. Le gouvernement, les experts... personne ne nous dit à nous citoyens, ce qui se passe vraiment . »
Il faut dire que la situation est assez confuse, et que le gouvernement est dépendant des informations des experts, et ces derniers varient fortement dans leurs pronostics et évaluations.
Seuls 50 des 800 employés de la centrale ont été maintenus sur le site, situé à 250 km au nord-est de Tokyo et les autorités s’apprêtent à élargir la zone à évacuer. Le gouvernement a toutefois exclu « la possibilité d'une catastrophe à la Tchernobyl ».
Par ailleurs, le gouvernement a assuré qu’il n’y a pas de danger pour les 35 millions d'habitants de l'agglomération de Tokyo, la plus importante au monde. Ils n'ont pas besoin de prendre de précautions particulières, selon le gouvernement. Quoiqu’il en soit, selon plusieurs experts, l'accident de Fukushima pourrait être le deuxième plus grave de l'Histoire, puisqu'il atteindrait un niveau de gravité 6 sur l'échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, qui en compte 7.
Auteur : Philippe Pognan
Editeur : Fréjus Quénum