Charles Blé Goudé devant la justice ivoirienne
30 octobre 2019Alors que se poursuit la procédure contre Charles Blé Goudé à la cour pénale internationale (CPI), le parquet ivoirien va ouvrir une autre procédure contre l'ancien ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo. Son procès s'ouvre ce mercredi 30 octobre devant la Cour d'appel d'Abidjan et il risque la prison à vie. L'ancien ministre de Laurent Gbagbo est accusé de crimes contre des populations civiles et crimes contre des prisonniers de guerre. Les crimes dont pour lesquels la justice ivoirienne poursuit Charles Blé Goudé ont été commis lors de la crise postélectorale de 2010-2011.
"Le dossier est vide"
Une nouvelle procédure que ne comprend pas Roselyn Bly, premier vice-président du Congrès panafricain pour la justice et l'égalité des peuples (COJEP), une formation politique fondée par Charles Blé Goudé. "Au regard des échanges que nous avons eus avec notre défense, pour le moment le dossier est vide", estime-t-il. "C'est maintenant que le procureur s'attèle à trouver des éléments dans le dossier. Face à cette situation, j'ai beaucoup d'interrogations pour savoir quelles sont les motivations réelles en ouvrant cette procédure". Et Roselyn Bly de dire son "indignation". "Il n'était ni le ministre de la Défense, ni le ministre de l'Intérieur et encore moins un chef d'état-major des armées. Et on l'accuse d'avoir commis des crimes contre des prisonniers de guerre."
L'audience qui s'ouvre ce mercredi après-midi se fera en l'absence du prévenu qui se trouve toujours en liberté conditionnelle aux Pays-Bas après son acquittement et celui de Laurent Gbagbo en janvier dernier. Toutefois, la procureure de la CPI a fait appel de cet acquittement. Roselyn Bly accuse ainsi le pouvoir d'Abidjan de vouloir maintenir Charles Blé Goudé hors du pays. "Cette manipulation de la justice n'a qu'un seul but, c'est d'écarter un adversaire politique redoutable", dit Roselyn Bly. "Le pouvoir ne veut pas que Charles Blé Goudé prenne part à la vie politique de la Côte d'Ivoire.''
Amnistie en 2018
En 2018, le président ivoirien a pourtant pris une ordonnance soutenant une amnistie relative à la crise postélectorale. "L'amnistie de 2018 est une amnistie intuitu personae", explique Geoffroy Kouao, juriste et analyste politique. "Il y a deux sortes d'amnistie. Une amnistie qui porte sur les infractions. Alors que l'amnistie intuitu personae concerne les individus. Ce qui veut dire que ce sont les individus qui sont concernés et non l'infraction. Donc l'infraction demeure. De sorte que tous ceux qui ont participé à la commission de l'infraction peuvent être concernés", décrypte-t-il.
Dans tous les cas, cette procédure intervient dans un contexte où, même si les uns et les autres appellent à la réconciliation, l'atmosphère reste très tendue avant l'élection présidentielle prévue en 2020.