Des crimes graves commis en Chine selon l'Onu
1 septembre 2022Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme (HCDH) a publié mercredi 31 août son rapport sur les violations des droits des Ouïghours dans la région du Xinjiang en dépit des pressions de Pékin.
C'est un texte long de près de 50 pages, un mélange d'entretiens et d'informations qui évoque la possibilité de "crimes contre l'humanité" dans la région du Xinjiang. L'Onu fait ainsi état de "preuves crédibles" de tortures et de violences sexuelles à l'égard des Ouïghours.
Le document a été publié in extremis, à quelques heures seulement du départ de Michelle Bachelet de son poste de Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme.
Pékin n'a pas tardé à rejeter en bloc le rapport. Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, n'hésite pas à parler de fausses informations."Je voudrais réitérer que le rapport lié au Xinjiang est une collection de fausses informations, planifiées et fabriquées par certaines forces occidentales telles que les Etats-Unis, et qu'il est totalement illégal et invalide. Les soi-disant recommandations mentionnées dans le rapport sont entièrement basées sur de fausses informations et bricolées à des fins politiques", a-t-il précisé.
Ce n'est pas la première fois que la Chine est pointée du doigt au sujet du traitement qu'elle réserve aux Ouïghours dans la région du Xinjiang.
Au nom de la lutte contre le terrorisme
Les Etats-Unis font partie des pays qui ont déjà accusé Pékin de commettre un génocide - un terme que le rapport de l'Onu n'emploie pas – dans le Xinjiang avec des dizaines de milliers de Ouïghours détenus contre leur gré dans un réseau de prisons que l'Etat chinois appelle des"camps de rééducation".
Pékin est aussi accusé d'imposer aux détenus des peines de "travail forcé" ou encore des campagnes de "stérilisations forcées" conduites au nom de l'antiterrorisme.
La Chine, et notamment cette région du Xinjiang, ont été frappées par des attentats commis, selon les autorités, par des séparatistes et islamistes ouïghours. En réponse, les autorités ont lancé depuis plusieurs années une implacable campagne contre le terrorisme.
Le temps de l'action
Les principaux groupes de défense des droits de l'Homme, Human Rights Watch ou encore Amnesty International, ont publié des rapports accusant la Chine de crimes contre l'humanité.
Pour Agnès Callamard d'Amnesty international, il est temps d'agir.
"Le Conseil des droits de l'Homme doit maintenant établir une commission d'enquête sur les violations commises par la Chine au Xinjiang. Cette commission d'enquête devrait soit s'y rendre, soit enquêter sur le site et cette commission d'enquête devrait être mandatée pour situer les responsabilités" estime-t-elle.
Avant la publication du rapport, la Haut-Commissaire aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, qui s'était rendue en Chine en mai dernier, avait été critiquée pour avoir été trop indulgente envers la Chine.
Au sein des organisations ouïghoures basées à l'étranger, certains saluent le rapport mais d'autres auraient souhaité qu'il aille plus loin dans sa condamnation de Pékin.