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Combats au Soudan : le Tchad ferme sa frontière

Fréjus Quenum | Avec agences
15 avril 2023

Le Tchad a annoncé qu'il fermait sa frontière avec le Soudan. Des combats opposent l'armée aux Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire.

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Photo prise ce15 avril 2023, d'une scène de rue à Khartoum avec un nuage de fumée qui monte à l'horizon
Les combats auraient fait au moins trois morts ce samediImage : AFP

De violents tirs à l'arme lourde et des explosions ont retenti ce samedi (15.04.2023) dans la capitale soudanaise Khartoum alors que des chars sont déployés et des morts recensés. Des troubles sont aussi signalés dans d'autres endroits du pays.

Cette tension qui a fait au moins trois morts est le résultat d'une escalade du différend opposant deux camps rivaux au sein des militaires au pouvoir, celui du général Abdel Fattah al-Burhane chef d'Etat de factoet celui du général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", patron des Forces de soutien rapide.

Inquiétudes du pouvoir tchadien

Photo montrant le président de la transition tchadienne Mahamat Idriss Déby, assis dans un fauteuil lors de la cérémonie de clôture d'un dialogue national à N'Djaména (Archives - N'Djaména, 08.10.2022)
Le général Mahamat Idriss Déby est au pouvoir depuis la mort d'Idriss Déby en 2021Image : Denis Sassou Gueipeur/AFP

Dans un communiqué diffusé dans l'après-midi, le gouvernement tchadien annonce suivre "avec une attention particulière la situation qui prévaut" au Soudan voisin. Plus de 1.000 kilomètres séparent les deux pays.

"Face à cette conjoncture de troubles, le Tchad tout en sécurisant ses frontières, décide de la fermeture de la frontière avec le Soudan jusqu'à nouvel ordre", indique le texte signé par le porte-parole du gouvernement tchadien Aziz Mahamat Saleh.

N'Djaména exprime aussi son souhait de voir la communauté régionale et internationale s'investir au chevet du Soudan pour un achèvement pacifique de la transition en cours dans ce pays depuis le coup de force des militaires le 25 octobre 2021 contre la transition civile succédant à la chute en 2019 de l'ex-président Omar el-Béchir

Pour l'instant, l'Onu, l'Union africaine, la Ligue arabe et les Etats-Unis ont réclamé une cessation "immédiate" des hostilités.

Situation confuse

Photo prise ce samedi 15 avril montrant une épaisse fumée noire au-dessus des bâtiments à proximité de l'aéroport de Khartoum
Les Forces de soutien rapide sont des ex-miliciens de la guerre du Darfour devenus supplétifs de l'arméeImage : - /AFP

Les paramilitaires "ne s'arrêteront pas avant d'avoir pris le contrôle de l'ensemble des bases militaires", a menacé, parlant vite et fort au téléphone sur la chaîne al-Jazeera, leur commandant, le général Mohamed Hamdane Daglo, dit "Hemedti". Déployées dans Khartoum depuis le matin, les Forces de soutien rapide (FSR) ont dit avoir pris l'aéroport international et le palais présidentiel. Elles appellent  désormais l'ensemble de la population, parmi laquelle les soldats, à se retourner contre l'armée. 

Les deux camps s'affrontent désormais pour le contrôle du siège des médias d'Etat, selon des témoins, alors que le signal de la télévision, un temps faible, semble avoir cessé.

Lutte d'influence entre deux généraux

Photo prise le 5 décembre 2022 montrant Hemedti (deuxième depuis la gauche) et al-Burhane (centre) avec des leaders civils soudanais à leurs côtés après la signature d'un accord politique
En octobre 2021, Mohamed Hamdane Daglo dit "Hemedti" et Abdel Fattah al-Burhane ont évincé les civils du pouvoirImage : AFP via Getty Images

Lors de leur putsch de 2021, Hemedti et Burhane avaient fait front commun pour évincer les civils du pouvoir. Mais au fil du temps, Hemedti - dont de nombreux hommes sont des ex-miliciens formés au combat dans la région du Darfour (ouest) - n'a cessé de dénoncer le coup d'Etat. Récemment même, il s'est rangé du côté des civils - donc contre l'armée - dans les négociations politiques, bloquant les discussions.

Le différend entre les deux hommes forts porte sur l'avenir des paramilitaires : l'armée ne refuse pas leur intégration aux troupes régulières mais elle veut imposer ses conditions d'admission et limiter dans le temps leur incorporation. Hemedti, lui, veut une inclusion large et, surtout, sa place au sein de l'état-major.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum