Comment réparer les exactions en Côte d'Ivoire ?
6 juin 2011Ces exactions sont nombreuses, à en croire les différents rapports publiés ces derniers temps par plusieurs ONG de défense des droits de l’Homme.
Selon l’ONUCI, plus d’un millier de personnes ont été tuées entre décembre et avril derniers, à travers le pays. Les nouvelles autorités ivoiriennes avancent même le nombre de 3000 morts.
Des victimes et des bourreaux dans les deux camps
Les deux derniers rapports en date sur les violations des droits de l’Homme dans le pays, celui d’Amnesty International et celui de Human Rights Watch, se rejoignent en tout cas pour dénoncer des « violations massives » de ces droits : meurtres, viols, exécutions sommaires, représailles, pillages, torture... Les deux ONG incriminent les deux camps en lice, celui de Laurent Gbagbo et celui d’Alassane Ouattara, tous deux, au mieux incapables d’empêcher les violences, notamment à Abidjan et dans l’ouest du pays, ou, pire, coupables de les avoir provoquées puis attisées.
Amnesty International et Human Rights Watch ont notamment mis en cause les FRCI, les nouvelles forces armées créées par Alassane Ouattara, qui auraient continué de traquer les fidèles à Laurent Gbagbo, y compris après l‘arrestation du président déchu, début avril.
L'ONUCI, accusée de passivité
La mission des Nations Unies en Côte d’Ivoire, elle, récuse les accusations de passivité formulées par Amnesty International qui lui reproche de ne pas avoir respecté sa mission de protection des civils.
Le chef de l’Etat ivoirien a demandé à la Cour Pénale Internationale d’enquêter sur le massacre de plus de 500 personnes, fin mars, à Duékoué, dans l’ouest du pays. Alassane Ouattara a également mis en place une Commission Vérité et Réconciliation qui doit faire toute la lumière sur les violences passées. Une charge complexe, d’autant que les victimes espèrent davantage que la désignation des coupables, à savoir des réparations judiciaires, accompagnées de mesures concrètes,
Etablir l’état de droit et traduire en justice les responsables
La Commission indépendante créée par le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU a également enquêté durant quatre semaines sur le terrain. Elle doit présenter ses conclusions le 15 juin, qui, selon toute vraisemblance, devraient corroborer les violations constatées par les ONG.
En vertu des nouvelles dispositions régissant la politique de coopération et d’aide au développement de l’Allemagne, l’ambassadeur allemand, reçu par Alassane Ouattara, est dans l’obligation d’évoquer les violations des droits de l’Homme en Côte d’Ivoire avec le chef de l’Etat.Auteur : Sandrine Blanchard
Edition : Marie-Ange Pioerron