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Soudan : un mois de guerre et la paix toujours incertaine

15 mai 2023

Un mois après le début du conflit soudanais, le 15 avril 2023, c’est toujours l’impasse, aussi bien au plan diplomatique que militaire.

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Des réfugiées soudanaises font la queue pour recevoir des rations alimentaires
Les civils souffrent depuis un mois des combats au SoudanImage : JOK SOLOMUN/REUTERS

A Djeddah, en Arabie saoudite, où ils sont réunis sous les auspices des Etats-Unis et de l’Arabie saoudite, les représentants des belligérants ne sont pas parvenus à conclure un accord de cessez-le-feu. Juste un accord sur l'ouverture de couloirs humanitaires.

"Les deux parties estiment qu'elles n'ont pas intérêt à un cessez-le-feu. Soit parce qu'elles pensent qu'elles peuvent encore gagnerla guerre soit parce qu'elles pensent qu'arrêter les combats signifierait une défaite au moins politique  qui remettrait en cause leur statut", estime Roland Marchal chercheur spécialiste de la corne de l'Afrique.  

Mohamed Hamdane Daglo, chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide
Mohamed Hamdane Daglo, chef des paramilitaires des Forces de soutien rapideImage : AP/picture alliance

Le conflit a déjà fait plus de 750 morts, 5.000 blessés et plus de 900.000 déplacés et réfugiés. Un bilan qui devrait s’alourdir car les combats font toujours rage, notamment à Khartoum, entre les camps des deux généraux qui s’affrontent : les Forces de soutien rapide du général Mohamed Hamdane Daglo, alias "Hemedti", et ceux d’Abdel Fattah al-Burhane, le chef des forces armées régulières et président de la transition militaire au Soudan.

L'analyse du chercheur Roland Marchal

Le rapport des forces 

Sur le terrain, aucune des parties ne semble pour l'instant prendre l'avantage et le conflit pourrait durer, selon Antoine Basbous, directeur de l’Observatoire des pays arabes à Paris.

"Le conflit durera jusqu'à ce que ce dégage un vainqueur et un vaincu. Il va y avoir un vainqueur et un vaincu et l'un dictera sa loi à l'autre. Pour l'instant, ce vainqueur ne se dégage pas. Il y a un certain équilibre des forces : dans la capitale, c'est le général Hemedti qui l'emporte alors que dans le reste du pays c'est l'armée régulière du général Al-Burhane."

L'analyse du chercheur Antoine Basbous

Khartoum, ville sinistrée

Depuis le 15 avril, date du début des hostilités, des millions de Soudanais, principalement à Khartoum, sont barricadés chez eux, pratiquement sans eau courante ni électricité et avec des pénuries de nourriture, d'argent, de médicaments et de carburant. 

A Khartoum, l'aéroport est détruit, les centres commerciaux pillés et les administrations fermées.

De nombreux habitants se sont repliés à Port-Soudan, à 850 kilomètres à l'est de Khartoum, épargné par les violences. 

"La situation est très difficile. La guerre est dure et les Forces de soutien rapide prennent le contrôle du pays. Nous sommes venus ici parce que nous voulons être évacués. Nous sommes laissés dans la rue, en plein soleil, et les familles nous voient mais personne ne nous aide. Nous sommes assis près du grand hôtel de Port Soudan. Nous voulons que les organisations nous évacuent du Soudan car le pays est totalement dévasté. Il n'y a pas de nourriture, pas de travail... rien", se lamente Hamden Mohammed.

Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée soudanaise
Le général Abdel Fattah al-Burhane, chef de l'armée soudanaiseImage : El Tayeb Siddig/REUTERS

La situation serait également très critique au Darfour, dans l'ouest frontalier du Tchad. Selon l'Onu, 450 personnes y ont été tuées dans la ville d'El-Geneina dans les récents combats auxquels participent, outre les militaires et les paramilitaires, des civils armés et des combattants tribaux ou de groupes armés locaux.

Georges Ibrahim Tounkara Journaliste au programme francophone de la Deutsche Welle