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L'homophobie se déchaîne en Côte d'Ivoire

5 septembre 2024

La Côte d'Ivoire est réputée relativement tolérante envers les personnes LGBTQ+. Mais depuis quelques semaines, des campagnes de haine s'organisent sur Internet et les agressions de personnes homosexuelles redoublent.

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Un couple d'hommes de dos, à contre-jour ,se tient par les épaules devant une fenêtre, enveloppés dans le drapeau arc-en-ciel de la communauté LGBTQ+ (illustration)
Les membres de la communauté LGBTQI+ ont peur depuis la recrudescence des agressions contre eux, en Côte d'IvoireImage : uncredited/AP/picture-alliance

En Côte d'Ivoire, une campagne homophobe se déchaîne sur les réseaux sociaux. Sur TikTok, sur Facebook, sur YouTube, des influenceurs s'en prennent ouvertement aux "woubis" et aux "leles", termes péjoratifs qui désignent les personnes homosexuelles. Si la Côte d'Ivoire a été qualifiée de "refuge fragile" pour les personnes LGBTQ+, l'homophobie y est en hausse, comme dans le reste de la sous-région. Elle débouche même parfois sur de réelles agressions.

Des millions de clics

C'est une vidéo, postée sur TikTok par un influenceur, qui met le feu aux poudres. Ibrahim Zigui, suivi par plus de 230.000 followers, y critique ce qu'il appelle la "trop grande exposition" des homosexuels en Côte d'Ivoire. Il réagit alors à une autre vidéo qui montrait des hommes travestis en femmes et maquillés. 

Devant le succès de cette vidéo, d'autres influenceurs, bloggeurs, artistes, et même un évangéliste lui emboîtent le pas pour tenir des propos fortement hostiles aux personnes homosexuelles. 

Décryptage : les droits LGBTQ progressent-ils ?

Au fil des semaines, les propos se radicalisent. Parfois, les "leles", c'est-à-dire les lesbiennes, sont-elles aussi ciblées par les campagnes de haine, mais les hommes homosexuels et les femmes transgenres sont les cibles favorites.

Une pétition contre les "woubis" a recueilli plus de 60.000 signatures avant d'être retirée d'internet par la plateforme qui l'hébergeait.

Un humoriste burkinabè, favorable aux juntes militaires du Mali et du Burkina Faso, s'est fendu d'un sketch dans lequel il critique le laxisme des autorités de Côte d'Ivoire vis-à-vis des personnes LGBTQ+. 

Un Etat "neutre" en la matière

Le 30 août, le ministère ivoirien de la Justice et des Droits de l'Homme a publié un communiqué pour rétablir la vérité : l'Etat ivoirien est neutre en la matière, "aucune disposition du Code pénal ivoirien ne fait état de l'orientation sexuelle". 

 

Le Parlement a échoué en 2021 à inscrire l'orientation sexuelle comme critère de discrimination officiellement reconnu. 

 

Si l'homosexualité n'est pas criminalisée en Côte d'Ivoire, elle est tout au plus tolérée. Fin mai, Abidjan a abrité la quatrième édition du Festival Awawalé, destiné à faire reconnaître la communauté LGBTQ+ et ses droits.

 

Mais dans la société ivoirienne, l'homophobie reste tenace. Et la violence exprimée sur les réseaux sociaux trouve un écho dans la rue. 

Aujourd'hui encore, des jeunes d'Abidjan ont appelé à un rassemblement pour protester contre l'homosexualité à Abidjan.

Des vidéos postées en ligne la semaine dernière montrent une foule en liesse, à Yopougon, lors d'une "descente" dans un salon de beauté tenu par des femmes transgenres qui ont été agressées.

Pour l'heure, seule l'Afrique du Sud dispose d'une législation qui protège nommément les personnes LGBTQ+ en Afrique. De nombreux pays, au contraire, comme l'Ouganda ou le Ghana, ont renforcé leur appareil répressif ces dernières années.