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Coups d'Etat : quel impact pour les sanctions de la Cédéao ?

25 janvier 2022

La Cédéao a vigoureusement réagi aux coups d'Etat au Mali et en Guinée. Cela n'a pourtant pas empêché le putsch au Burkina Faso. Pourquoi ?

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Les chefs d'Etat ivoirien Alassane Ouattara et ghanéen Nana Akufo-Addo ici à Conakry (Archives - Conakry, 17.09.2021)
La Cédéao affirme que Roch Marc Christian Kaboré a été contraint de démissionner Image : John Wessels/AFP/Getty Images

La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) n'a pas fini de résoudre le problème du Mali et de la Guinée, que déjà un autre front s'ouvre au Burkina Faso. Conformément à ses textes fondateurs, la Cédéao a pourtant pris des mesures vigoureuses en suspendant le Mali et la Guinée de ses activités.

Des sanctions pas assez dissuasives ?

Contactés par la DW, certains interlocuteurs au sein de la Cédéao ont préféré ne pas s'exprimer dans l'immédiat.

Accra, avant une réunion des dirigeants de la Cédéao sur le coup d'Etat en Guinée (Archives -Accra, 16.09.2021)
La Cédéao a suspendu le Mali et la Guinée de ses instances Image : Nipah Dennis/AFP

Une des voix autorisées de la Cédéao a tout de même confié hors micro que l'organisation se préoccupait du cas du Burkina Faso. "Toute organisation connaît ses hauts et ses bas", affirme cet interlocuteur qui renvoie par ailleurs aux succès du bloc sous-régional dont il estime qu'on parle trop peu.

Des succès visiblement noyés dans une vague de coups d'Etat.

>>> Revoyez notre interview exclusive : Le président Kaboré dénonce un plan pour l'empêcher de travailler

Pourtant Julien Oussou, spécialiste de la région ouest-africaine, ne considère pas le coup d'Etat au Burkina Faso comme un échec de la Cédéao.

"Trouvons les moyens de pousser la Cédéao à reprendre le contrôle de la situation et de continuer à nous garantir une communauté ouest-africaine où il fait bon vivre, où la libre circulation des personnes et des biens est une réalité et où la sécurité est assurée, où un contrôle plus effectif de la gouvernance est réalisé et des limites sont fixées pour les déviances liées à cela", estime l'expert qui pense que la réussite de l'espace sous-régionale ne peut pas se produire sans la Cédéao.

Anticiper pour éviter la contagion

Les causes de l'instabilité politique, surtout au Burkina Faso et au Mali, se retrouvent dans d'autres pays de la sous-région.

Selon Andrew Lebovich, chercheur principal pour le programme Afrique du Conseil européen des relations extérieures, "le coup d'Etat au Burkina Faso montre à quel niveau les militaires peuvent prendre des décisions sans être trop menacés par l'idée des sanctions". 

Julien Oussou : "Aidons la Cédéao à reprendre le contrôle"

Il recommande au bloc ouest-africain de ne pas miser sur des sanctions uniquement.

"Je pense qu'il est nécessaire que la Cédéao n'agisse pas trop vite et n'essaie pas d'appliquer le même schéma qu'elle a appliqué à d'autres pays après les coups d'Etat. Pour le moment c'est très important d'ouvrir un dialogue avec les putschistes afin de savoir quelles sont leurs demandes, quelle sorte de transition ils envisagent afin d'avoir un accord accepté des deux côtés", insiste le chercheur Andrew Lebovich pour qui les échecs successifs sur le front de l'inécurité finissent par créer de la frustration chez les militaires.

Dans un communiqué publié ce mardi (25.01.2022), les chefs d'Etat du bloc ouest-africain affirment que le président Roch Marc Christian Kaboré a démissionné sous la menace, l'intimidation et la pression des militaires, auteurs du coup d'Etat.

Photo de Fréjus Quenum, en interview dans le studio de la Deutsche Welle à Kinshasa en RDC (05.12.2024)
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum