Courage et liberté...
27 avril 2012Désormais, critique la Süddeutsche Zeitung, on paiera son billet d'avion avec des euros mais aussi avec ses données personnelles. En clair, place au soupçon généralisé. Pour des raisons de sécurité et de lutte contre l'immigration clandestine, les frontières extérieures et intérieures de l'Europe doivent être plus sévèrement gardées, encore plus verrouillées. Voilà une nouvelle manière de faire aimer l'Europe aux Européens !
C'est vrai, l'espace Schengen et sa liberté de déplacement incarne l'idéal qui a présidé à la naissance de l'Union Européenne, explique la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Ce progrès ne doit toutefois pas dissimuler les faiblesses de ce système. Il ne s'agit pas ici seulement d'immigration illégale, mais aussi de criminalité transfrontalière. La question est de savoir qui, en cas d'urgence, doit rétablir les contrôles pour une période déterminée : les gouvernements nationaux ou Bruxelles ? Pourquoi ne pas laisser l'initiative aux pays concernés, sous contrôle de la Commission Européenne ? Cela aurait pour avantage de servir la sécurité, de couper l'herbe sous le pied des populistes et d'éviter tout abus.
Le quotidien de Francfort ajoute que c'est au nom justement de la démocratie européenne que Joachim Gauck, le président allemand, a refusé de se rendre au sommet de Yalta.
Ce qui fait dire à die Welt : ce refus de se rendre en Ukraine est un signal fort adressé à Victor Janukovitch, mais aussi à l'Allemagne. Pour Joachim Gauck, ce qui se passe dans l'Est de l'Europe ne doit pas nous laisser indifférent. Avec ce refus, le président allemand démontre que ses discours ne sont pas des paroles en l'air. Ce refus de se rendre à Yalta est un acte de courage et de liberté. Le courage de faire passer dans les actes son idéal de liberté.
Dans ce contexte, die tageszeitung pointe du doigt la récente déclaration de la DFB, la Fédération allemande de Football, qui refuse de disputer la prochaine Coupe d'Europe en Ukraine tant que Julia Timochenko ne pourra pas se faire soigner en Allemagne. Une fédération sportive qui découvre les Droits de l'Homme, c'est nouveau. En réalité, la DFB ne fait qu'obéir à la chancelière qui utilise le football comme un levier pour donner plus de poids à son engagement en faveur de l'opposante ukrainienne, conclut le quotidien de Berlin.
Auteur : Christophe Lascombes
Édition : Yann Durand