Crainte d'un "attentat politique d'extrême droite"
17 juin 2019L'extrême-droite fait encore parler d'elle en ce début de semaine en Allemagne. Avec, pour commencer, cette arrestation dans le Land, la région, de Hesse, dans le Sud-ouest de l'Allemagne, relatée dès hier dimanche par les quotidiens Bild et Frankfurter Allgemeine Zeitung. La Faz fait encore une partie de sa Une sur cette actualité ce lundi 17 juin.
Ce dimanche les services de sécurité ont arrêté un homme de 45 ans, soupçonné du meurtre d'un élu régional début juin, à Wolfhagen, dans la banlieue de Kassel. Avant son assassinat Walter Lübcke s'était déjà attiré les foudres de l'extrême-droite pour ses prises de position en faveur des migrants. Il a finalement été retrouvé mort d'une balle dans la tête sur sa terrasse.
Déjà connu de la Police
"Cela pourrait être un attentat en lien avec la politique", raconte ce lundi la FAZ. "L'homme arrêté a, par le passé, été actif dans les milieux d'extrême-droite", précise le journal. "Il aurait attaqué un centre pour demandeurs d'asile avec une bombe il y 20 ans", ajoute die Zeit. "Si ça se confirme, certains craignent une nouvelle série de violences d'extrême-droite", réagit une journaliste de la FAZ. Une allusion aux crimes du groupe d'extrême-droite NSU, qui avait fait une dizaine de morts dans divers crimes et attentats racistes entre 2000 et 2007.
La Süddeutsche raconte d'ailleurs qu'une conférence de presse sur le sujet prévue ce lundi a été annulée. Les services administratifs et sécuritaires sont très prudents. "On a appris de la NSU et des suites de l'attentat sur le marché de Noël de Berlin", raconte un fonctionnaire. "Beaucoup de questions sont ouvertes, ce n'est qu'un début et l'enquête doit se faire dans le calme", conclut la FAZ.
Droite classique contre droite populiste
L'extrême-droite mis en cause pour meurtre ... Et l'extrême-droite dans les urnes ! Le sujet fait aussi la Une de la presse aujourd'hui, au lendemain d'une élection municipale hyper-médiatisée dans la Saxe, dans l'Est du pays. Deux candidats s'affrontaient au second tour : l'un de la CDU, la droite classique, et l'autre de l'AfD, le parti de la droite populiste. Au second tour, contrairement à ce qui s'était passé au premier, c'est la droite classique, la CDU qui l'a emporté. "Une formidable démonstration de force des partis établis", qui avaient appelé à faire barrage à l'extrême-droite, selon les Badischen Neuesten Nachrichten. Mais le journal met en garde avant des élections locales dans cette région à l'automne. "Si tous les partis se mettaient ensemble pour gouverner la région, cela ne ferait que renforcer l'AfD", estime le journal.
"Ce n'est pas une défaite pour l'AfD"
"D'ailleurs cette élection n'est pas une défaite pour l'AfD. Ça montre à quel point les autres partis n'ont pas grand-chose à lui opposer", estime la Handelsblatt. Très sévère : "Il était juste et important que les autres partis se réunissent. Néanmoins, il est catastrophique que les populistes de droite soient devenus si forts que leur victoire ne peut être évitée que par quatre partis réunis", écrit le journal. "Et cela ne veut rien dire pour les élections de l'automne", ajoute la Tageszeitung, qui craint elle aussi la montée de l'AfD.
Pas étonnant pour la Handelsblatt. La Saxe se trouve dans l'Est du pays, et faisait partie du bloc de l'Est communiste jusqu'en 1990. Mais "30 ans après la réunification, les politiques n'ont toujours pas trouvé de réponses aux problèmes des Länder qui ne sont plus si nouveaux", écrit le journal. "L'harmonisation des conditions de vie à l'Est et à l'Ouest était l'objectif premier que la politique s'était fixé après la chute du mur de Berlin. Depuis 1990, les gouvernements fédéraux n'ont pas réussi à tenir cette promesse".
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Une promesse qu'ils n'auront pas le temps de tenir avant les prochaines élections. "Cela va conduire un jour l'AfD à célébrer une victoire encore plus forte. Si forte qu'on l'entendra dans tout le pays", conclut le journal.