Crise libyenne et insécurité dans le Sahel
10 janvier 2020Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011 plusieurs pays sont confrontés à la plus grave crise sécuritaire de leur histoire. En premier lieu, la Libye, où règne le chaos et où plusieurs factions s’affrontent pour le contrôle du pouvoir.
Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les mouvements djihadistes multiplient les attaques aussi bien contre les forces de défense et de sécurité que contre les populations civiles. Pour Djallil Lounnas, expert des groupes djihadistes au Sahara et également auteur du livre Le djihad en Afrique du Nord et au Sahel, "quand le régime de Kadhafi est tombé, il y a eu un reflux de combattants touaregs dans le nord du Mali. Cela a déstabilisé la région. Les groupes terroristes sont dans le sud-ouest de la Libye où ils ont des liens avec ceux qui sont dans le Sahel."
La crise libyenne n’est cependant pas la seule explication à l’insécurité qui prévaut par exemple dans un pays comme le Mali, selon Boubacar Salif Traoré, directeur d'Afriglob Conseil, une entreprise malienne spécialisée dans les questions de sécurité et de développement. "La question de l’insécurité au Mali a démarré au lendemain de l’indépendance avec la rébellion touareg qui s’est développée au fil des années et a touché d’autres pays. L’effondrement de la Libye est venu amplifier un phénomène qui existait", explique l'analyste.
La Mauritanie épargnée
Si le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont confrontés aux attaques djihadistes, la Mauritanie par contre, n’est pas touchée. Pour Djallil Lounnas, expert des groupes djihadistes au Sahara, "La Mauritanie était considérée comme un Etat faible dans les années 2000. C’était un pays considéré comme un épicentre du djihadisme. Mais, vers la fin des années 2000, sous le pouvoir du président Mohamed Ould Abdel Aziz, la Mauritanie a mené une guerre sans merci contre ces mouvements et les a chassés de son territoire."
Pour la plupart des experts, la fin de l’insécurité dans le Sahel est étroitement liée au règlement de la crise en Libye mais aussi à la lutte contre les inégalités sociales au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Pour tout dire, développement local rime avec stabilité.