Cyril Ramaphosa sera-t-il destitué?
13 décembre 2022C’est un vote attendu, mais qui sera très certainement sans surprise. Le Parlement sud-africain va se prononcer ce mardi (13.12) sur le déclenchement d'une procédure de destitution contre le président Cyril Ramaphosa, au cœur d'un scandale concernant la présence de centaines de milliers de dollars d’origine douteuse dans l’une de ses résidences.
Il risque d'être le premier président destitué de l'histoire sud-africaine : Cyril Ramaphosa, embourbé dans un scandale, est suspendu mardi à la décision du Parlement de voter ou non son renvoi.
Les parlementaires se réunissent en session extraordinaire à 12H00 GMT au Cap. Si plus de 50% d'entre eux jugent la sombre affaire de cambriolage qui le poursuit depuis des mois suffisamment grave, une procédure de destitution sera lancée.
Cyrille Ramaphosa, 70 ans, qui a fait fortune dans les affaires avant d'accéder à la fonction suprême, est accusé d'avoir caché à la police et au fisc un cambriolage dans l'une de ses propriétés où il élève des bovins rares.
Ce jour de février 2020, des intrus sont repartis avec 580.000 dollars dénichés sous les coussins d'un canapé. Le fruit de la vente de vingt buffles, affirme le président. De l'argent sale, selon la plainte qui a fait éclater le scandale en juin.
Soutien
L'ANC a affirmé que ses membres au Parlement apporteraient un soutien total à Cyril Ramaphosa. L’analyste politique Asanda Ngoasheng estime pour sa part que malgré ses divisions internes, le parti fera bloc.
"Si l’ANC décide que Cyril Ramaphosa ne sera pas destitué de la présidence, il ne le sera pas. Nous avons vu comment l’ANC a pu se rallier derrière un président comme Jacob Zuma, pour lequel il y a eu au moins cinq tentatives de destitution et d’autres motions de défiance. Mais elles ont toutes échoué car l’ANC a une majorité au Parlement. Et le parti les utilise pour protéger les intérêts de l’ANC", affirme t-il.
Candidat à sa propre succession
Cyril Ramaphosa sera candidat à sa réélection pour un deuxième mandat à la tête de l’ANC lors de la conférence nationale du parti qui débute ce vendredi.
Selon André Duvenhage, professeur de Sciences politiques à l’Université de la province du Nord-Ouest, il reste le favori de cette élection mais cette affaire risque d’affaiblir son pouvoir de décision au sein du parti.
Il explique qu’il s’agira toujours d’un parti extrêmement divisé. Des éléments, tels que Jacob Zuma, mobilisent derrière d’autres candidats hostiles à Ramaphosa. L’ANC est une organisation sur le déclin. Et il est très probable que, après 2024, ce sera une coalition qui dirigera l’Afrique du Sud.
Alors qu’il avait été perçu par beaucoup comme un sauveur potentiel de l’ANC et du pays, depuis son élection en 2018, la cote de popularité de Cyril Ramaphosa a nettement baissé.