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Les Ivoiriens inquiets après le malaise du Premier ministre

14 mai 2021

Nommé le 26 mars dernier Patrick Jérôme Achi a été évacué en France le 11 mai dernier pour des raisons sanitaires.

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Patrick Achi, le 25 avril dernier
Image : Issouf Sanogo/AFP/Getty Images

C’est le 8 mai dernier que le successeur d’Hamed Bakayoko, décédé le 10 mars en Allemagne, a été pris d’un malaise à son domicile. Le lundi 10 mai, le président Alassane Ouattara, autorise selon des sources proches du gouvernement, l’évacuation de son Premier ministre Patrick Achi en France sans aucune communication.

C’est donc à travers les réseaux sociaux que les Ivoiriens ont appris la maladie de leur Premier ministre. Dans les rues d’Abidjan, les habitants se demandent bien ce qui se passe à la primature. “Nous sommes plus qu’inquiets de ce qui se passe dans notre pays, parce que ça fait la troisième personnalité pour le même poste qui se retrouve évacué à l’hôpital en France. Et il faut reconnaître et admettre que cette évacuation sera à la charge du contribuable", estime Marie Noëlle.

Pour Séraphin, “on peut se poser la question de savoir : est-ce que le poste de Premier ministre est vraiment maudit en Côte d’Ivoire ? Où est-ce que les bureaux sont envoûtés, à telle enseigne qu'en moins d’un an nous ayons trois Premiers ministres malades ?"

Manque de transparence

Au sein de l’opposition ivoirienne, c’est la consternation. La classe politique a encore en mémoire les décès des premiers ministres Amadou Gbon Coulibaly le 8 juillet 2020 et d’Hamed Bakayoko le 10 Mars 2021 dernier.

Ecoutez notre reportage à Abidjan

Tous deux avaient été évacués en France, officiellement pour une petite fatigue, puis pour un bilan de santé. Jean Yves Essis Esso du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) soutient que les maladies à répétition des Premiers ministres et le manque de communication sur leur état de santé inquiètent :

"Le pouvoir d’Abidjan n’a apparemment pas la culture de la transparence. Tout est caché. Le pouvoir oblige ainsi les citoyens à faire eux-mêmes leurs enquêtes. Et cela ouvre toutes sortes d’imaginations pour le public. J’espère que ces trois évènements (les cas Amadou Gon Coulibaly et Hamed Bakayoko et aujourd’hui Patrick Achi) conduiront les autorités à plus de transparence sur l’état de santé des personnes qui nous dirigent."

Système de santé défaillant

Pour sa part, l’analyste Geoffroy Kouao s’inquiète pour l’état de santé du Premier ministre dont le scénario ressemble à du déjà-vu. Aussi, il se demande "pourquoi la Côte d’Ivoire, soixante ans après l’indépendance, est toujours obligée d’évacuer ses gouvernants en Europe pour des soins. Tout ceci est symptomatique d’un système sanitaire au niveau national défaillant."

Certains Ivoiriens que nous avons rencontrés et qui n’ont pas souhaité réagir à notre micro nous ont confié que chaque jour, ce sont plusieurs personnes qui décèdent dans les hôpitaux par manque de plateaux techniques ou de médicaments.