Dix Congolais tués dans des bombardements au Soudan
6 juin 2023D'après Samy, 17 ans, son père, Tabin Aboubakar, a trouvé la mort lors d'un raid de l'aviation soudanaise sur un camp de réfugiés, près de l'Université internationale d'Afrique à Khartoum.
''Mon père vivait dans le camp de réfugiés. (Dimanche soir), d'autres refugiés échangeaient entre eux et mon père dormait à coté lorsque l'avion a largué la bombe. Un paramilitaire (des Forces de soutien rapide, les FSR, du général Mohamed Hamdane Daglo, dit Hemedti, ndlr) nous a appelé avec le téléphone de mon père pour nous annoncer sa mort. Arrivés sur place, ils nous ont refusé d'accéder au corps et ils l'ont enterré eux-mêmes.''
Des corps calcinés
Bijou, belle-sœur de la victime, est aussi réfugiée au Soudan. Elle raconte l'horreur lorsqu'elle est arrivée au camp après le raid de l'armée.
''On a trouvé des paramilitaires sur place et tout autour des corps déchiquetés, certains avaient perdu leurs membres, d'autres étaient calcinés… Dieu merci, le corps de mon beau-frère n'avait perdu que les pieds, on l'a facilement reconnu. Les militaires l'ont enterré dans une tombe mais les autres corps ont été placés dans une fosse commune.''
Le Haut-commissariat de l'Onu pour les réfugiés indique qu'au moins dix personnes ont été tuées lors de ce raid aérien mais sans donner plus de détails. Le bilan pourrait être plus élevé. L'organisation ajoute qu'elle s'efforce d'atteindre les survivants et de leur apporter un soutien.
Tabin Aboubakar sentait le danger venir. Fin avril 2023, il avait témoigné sur notre antenne de la situation difficile des réfugiés congolais au Soudan. Il nous avait expliqué que depuis plusieurs jours, les réfugiés n'avaient plus rien à manger et qu'ils vivaient sous la menace des bombardements.
''Nous dormons à même le sol et certains dorment dans des conteneurs. Vous devez savoir que quand il fait chaud, le containeur chauffe aussi et vous ne pouvez pas résister et rester à l'intérieur. Il y a même des serpents à cet endroit où nous dormons. Il y a également beaucoup de moustiques. Le Haut-Commissariat aux réfugiés, ce n'est qu'une appellation. Ici, le HCR n'existe pas ! Ce sont plutôt les Soudanais qui nous viennent en aide. Nous n'avons aucune protection puisque nous sommes sous le contrôle des soldats de Hemedti. Il y a des balles perdues et puis les ennemis aussi les attaquent."
Appels à l'aide des refugiés congolais
Lundi, face à la presse à Kinshasa, le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a expliqué avoir convoqué le chargé d'affaires du Soudan en RDC pour obtenir le rapatriement des corps des victimes.
''Nous avons demandé au chargé d'affaires que des explications nous soient données et que toutes les dispositions soient prises pour que les corps soient rapatriés, pour que nos compatriotes soient enterrés dans la dignité conformément à nos traditions, aux côtés des membres de leurs familles, et le gouvernement s'emploie à cela.''
Des Congolais encore présents à Karthoum espèrent une évacuation vers un autre pays ou bien vers la RDC.
Sur place, les combats se poursuivent. Les tirs d'artillerie, combats de rue et explosions ont touché de nouveau Khartoum ce mardi (06.06.2023), où l'armée et les paramilitaires se disputent le pouvoir pour la huitième semaine consécutive.