Des chiffres sur la traque de Ntaganda en RDC
6 juin 2012C'est la première fois que le gouvernement donne des chiffres précis sur ces affrontements et il brise ainsi un tabou. Ce bilan a été fourni à la suite d'une réunion extraordinaire du conseil des ministres, présidée par le chef de l'État Joseph Kabila. Lors de cette réunion, le chef d'état-major général des forces armées congolaises a fait le point sur la situation sécuritaire dans la province du Nord-Kivu. Selon Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, les FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo) ont réduit le degré de nuisance des mutins : « Le bilan humain des engagements provoqués par cette mutinerie est de 200 mutins de Ntaganda tués, 250 blessés et 374 qui se sont rendus aux FARDC, parmi lesquels 25 citoyens rwandais qui sont actuellement entre les mains de la Monusco. »
Aucun chiffre par contre sur d'éventuelles pertes dans les rangs de l'armée. Le gouvernement congolais confirme par ailleurs que toutes les mutineries bénéficient d'une certaine complicité des populations locales et de groupes nationaux et étrangers, notamment des LRA, ADF/NALU (ougandais), FDLR (rwandais) et FNL (burundais). Il faut noter qu'auparavant, les autorités n'avaient jamais reconnu ces appuis étrangers, notamment rwandais, aux mutins.
Huis clos sur la situation sécuritaire dans l'Est
Dans le même temps, le ministre de la Défense nationale s'expliquait devant le Parlement sur les accords de paix conclus entre la RDC et le Rwanda ainsi que sur la situation sécuritaire dans les deux provinces du Kivu. C'était lors d'une séance à huis clos décrétée par le bureau de l'Assemblée nationale. La députée nationale Eve Bazaiba du MLC, parti d'opposition, pense que les réponses du ministre n'ont pas satisfait les députés : « Le Congo vient de signer de manière systématique cet accord de paix avec le Rwanda. Malheureusement, à chaque fois qu'il y a a un accord, on a l'impression que cela ne fait que renforcer la présence de nos voisins au Congo sans pour autant qu'il y ait un impact visible en matière de paix. »
La semaine dernière, les députés de l'opposition s'étaient insurgés contre le silence du gouvernement concernant la situation dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, initiant ce débat avec les ministres de la Défense et de l'Intérieur et de la Sécurité nationale. Un débat lors duquel les critiques ont aussi fusé depuis les rangs de la majorité.
Auteur : Saleh Mwanamilongo (Kinshasa)
Edition : Aude Gensbittel