Des crimes contre l'humanité en Syrie
29 novembre 2011Le nombre de victimes de la répression en Syrie se compte par milliers de morts. Pour donner un ordre de grandeur, le nombre de Syriens tués par les forces de sécurité ces huit derniers mois, 3500, dépasse celui de Palestiniens tués lors de la Seconde Intifada. Il équivaut aussi à celui des soldats américains morts en Irak depuis le début de la guerre en 2002. Et il ne s'agit que d'estimations susceptibles d'évoluer.
Violations massives des droits humains
Un rapport publié hier à Genève par la Commission d'enquête internationale sur les violations commises en Syrie relève des « crimes contre l'Humanité commis dans différentes régions » du pays depuis mars. Le rapport fait état d'exécutions sommaires, de tortures, de disparitions forcées… Et encore, les trois enquêteurs indépendants n'ont pu auditionner que 223 victimes et témoins, sans obtenir l'autorisation de se rendre sur le terrain. Le rapport préconise notamment l'ouverture urgente d'une commission d'enquête indépendante ainsi que la ratification, par la Syrie, des statuts de Rome qui reconnaissent la Cour pénale internationale.
Devant la gravité de la situation, l'ambassadeur allemand auprès de l'ONU, Peter Wittig, a qualifié les sanctions prises par la Ligue arabe d'« historiques » et il enjoint le Conseil de sécurité à emboîter le pas à l'organisation régionale pour augmenter la pression sur Damas.
Appels à une résolution de l'ONU
Human Rights Watch et Amnesty International, deux associations de défense des droits de l'Homme, appellent les 15 membres du Conseil de sécurité à adopter au plus vite une résolution. Tout comme Susan Rice, ambassadrice des Etats-Unis auprès de l'ONU :
« Les Etats-Unis sont depuis longtemps d'avis – et je l'ai déjà déclaré maintes fois en public – qu'il est grand temps pour le Conseil de sécurité d'engager une action plus décisive vis-à-vis de la Syrie. Maintenant que la Ligue arabe a agi, il est devenu évident, même pour ceux qui niaient les atrocités avérées du régime Assad, que la patience des voisins de la Syrie et de la communauté internationale a atteint ses limites. »
Au sein du Conseil de sécurité les discussions achoppent toujours : la Chine et la Russie ont refusé le 4 octobre de voter une résolution présentée le mois dernier par le Portugal, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne. Pékin et Moscou estiment que les puissances occidentales veulent simplement renverser le régime syrien.
Auteur : Sandrine Blanchard
Edition : Aude Gensbittel, Anne Le Touzé