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Destination Nigeria : l'exode des Camerounais anglophones

12 juillet 2018

D'après le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), plus de 21.000 Camerounais ont déjà fui les violences depuis le mois d'octobre 2017. La plupart se sont installés au Nigeria sans espoir d'un retour rapide.

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Flüchtlingslager Minawao in Kamerun
Image d'illustration de la question des déplacés montrant des réfugiés du camp de Minawao au CamerounImage : DW/M.-E. Kindzeka

Antonio Jose Canhandula : "la réponse des autorités du Cameroun n'est pas de nature à résoudre le problème. Mais plutôt à l'aggraver"

Les autorités camerounaises dénoncent un acte de désinformation après les nombreuses réactions suscitées par une vidéo montrant des hommes en uniforme militaire exécuter des femmes et des enfants dans la région anglophone. Depuis mercredi pourtant, des combats meurtriers sont aussi rapportés entre l'armée et les séparatistes dans la ville de Kumba. D'après le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), plus de 21.000 personnes ont déjà fui depuis le mois d'octobre 2017. La plupart se sont installés au Nigeria.

 

Plusieurs camps de réfugiés

Certains réfugiés camerounais se retrouvent dans l'Etat de Tabara au Nigeria. Ils sont plus nombreux à Benue mais c'est l'Etat de Cross River qui en accueille le plus grand nombre. Ils vivent en petits groupes dans des villages situés le long de la frontière entre le Nigeria et le Cameroun.

Kameruns vergessene Flüchtlinge
Napoleon Egumu se sent mieux en sécurité au NigeriaImage : DW/Katrin Gänsler

Napoleon Egumu, enseignant originaire d'Akwaya dans le sud-ouest camerounais peut maintenant souffler. "Je me sens en sécurité ici", déclare-t-il à la DW. Mais la frayeur n'est pas complètement passée. "C'est vrai qu'il y a de fausses alertes qui créent la panique. Mais les gens ici nous assurent qu'il n'y a pas de quoi avoir peur", explique-t-il.

Parmi ces réfugiés, il y a des enfants en bas âge et des femmes. Dorothy Offun, 34 ans et mère de sept enfants, est particulièrement remontée contre les autorités du Nigeria qui selon elle, "ne veulent pas donner du travail à nos enfants. Nous sommes dans la souffrance. Nous n'avons pas de routes, pas de marchés. Nous voulons l'indépendance."

Ces réfugiés racontent leur traversée de la brousse avant d'atteindre le Nigeria. Certains de leurs proches auraient été tués par balle.

 

Kameruns vergessene Flüchtlinge
Dorothy Offun est encore hantée par le traumatisme de la fuiteImage : DW/Katrin Gänsler

L'espoir de l'indépendance

Les plaintes des Camerounais des régions anglophones se sont amplifiées durant les neuf derniers mois quand des avocats et des enseignants ont décidé de protester contre l'influence croissante de la langue française dans la justice et dans le système scolaire. La crise a déjà fait des dizaines de morts.

Les sécessionnistes accusent le pouvoir et l'armée de violations graves des droits de l'homme. Mais dans la région, il est difficile de recueillir des informations fiables. Le HCR pour sa part s'attend à d'autres arrivées de réfugiés.

Antonio Jose Canhandula est le représentant de cette organisation au Nigeria. Le HCR recommande-t-il, va devoir "probablement adapter le plan de réaction parce que les informations indiquent que la réponse des autorités centrales du Cameroun n'est pas de nature à résoudre le problème. Mais plutôt à l'aggraver."

Mais au Nigeria, la sécurité n'est pas garantie non plus. Les conflits intercommunautaires et l'insurrection armée de Boko Haram provoquent également des déplacés internes.

Photo de Fréjus Quenum à côté d'une carte du monde
Fréjus Quenum Journaliste, présentateur et reporter au programme francophone de la Deutsche Welle@frejusquenum