La raffinerie nigériane d'Aliko Dangote en difficulté
26 juillet 2024Au Nigeria, Aliko Dangote est un homme d'affaires aujourd'hui très amer. Après la mise en service de sa raffinerie, en janvier, l'usine peine toujours à s'approvisionner localement en pétrole brut et cherche de nouvelles sources de livraison. Le problème est important : la raffinerie n'aurait produit à ce jour qu'un peu plus de 300.000 barils par jour sur 650.000 prévus. A cela, s'ajoutent des accusations sur la mauvaise qualité du carburant produit par la raffinerie, portées par l'autorité de régulation du secteur pétrolier qui a ouvert une enquête.
Pourparlers avec la Libye
Le milliardaire nigérian soupçonne certains acteurs du secteur pétrolier de manœuvrer contre ses intérêts. "Si j'avais su dans quoi nous allions nous engager, je n'aurais même pas commencé", déclare, acerbe, Aliko Dangote. "Honnêtement, nous n'avions pas la moindre idée de ce dans quoi nous nous engagions et c'est pourquoi, dès le début, nous avons lancé 31 projets, tous en même temps." Il serait désormais en pourparlers avec la Libye pour obtenir du pétrole brut. "Nous sommes au milieu de la mer, si nous arrêtons de nager, nous coulons. La seule option est de continuer à nager, quel que soit le degré de fatigue."
"Une mafia"
Aliko Dangote dénonce même "une mafia" dans le secteur pétrolier. "Elle est pire que la mafia de la drogue", insiste l'homme d'affaires. "Parce que dans la drogue, vous avez au moins une idée de qui vous combattez, mais dans le pétrole, vous ne savez pas, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur." Il se dit certain "à 100%" que cette "mafia" opère avec "des initiés". "C'est une pitié et une honte nationale pour nous, parce que nous essayons de résoudre le problème des files d'attente pour le carburant depuis 1972."
Un cadre supérieur de la raffinerie a également accusé les compagnies pétrolières internationales présentes au Nigeria de comploter en vue de la faillite de la raffinerie. Pour certains économistes, si la raffinerie de Dangote sombre, il sera difficile de convaincre un Nigérian, ou même un investisseur étranger, de prendre de nouveau un risque de cette ampleur au Nigeria.
D'un coût estimé à près de 20 milliards de dollars, la méga raffinerie devait permettre d'assurer l'autosuffisance en carburant de toute l'Afrique de l'Ouest.