Discorde entre Tel Aviv et Bruxelles
13 janvier 2012Les dernières "rencontres exploratoires" israélo-palestiniennes n'ont pas fait avancer les choses. Ces rencontres, les 3 et 9 janvier derniers, sous l'égide de la Jordanie et du Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne et ONU) sont restées infructueuses. Ce qui bloque actuellement les négociations, c'est avant tout la politique israélienne de colonisation juive en territoire palestinien.
La cheville ouvrière pour relancer un dialogue sérieux et constructif est en effet la politique de colonisation en Cisjordanie occupée, comme aussi toute une série de restrictions imposées aux Palestiniens. Et c'est justement ce que dénonce un rapport interne de diplomates de l'Union européenne, adressé à Bruxelles et qui se penche en particulier sur le sort des Palestiniens de Cisjordanie en zone C.
Une zone C sous contrôle
Il faut savoir qu'aux termes de l'accord intérimaire dit d'Oslo II de septembre 1995 entre l'OLP et Israël, la Cisjordanie est partagée en 3 zones. Il y a tout d'abord la zone A sous contrôle civil et sécuritaire palestinien, la zone B sous contrôle civil palestinien et sécuritaire israélien. Et enfin la zone C , sous seul contrôle civil et sécuritaire israélien. Cette zone C couvre 62 % de la Cisjordanie. Or, Israël entend garder le contrôle militaire de cette vallée frontalière de la Jordanie.
L'UE se met Israël à dos
Le rapport des diplomates européens avertit des risques que comporte la politique actuelle de l'Etat hébreu. En résumé, ce rapport confidentiel, daté de juillet 2011 et établi par les chefs de mission de l'Union européenne à Jérusalem et Ramallah, tire la conclusion que : « l'ouverture en faveur d'une solution à deux Etats (israélien et palestinien) est en train de se refermer rapidement avec la poursuite de l'expansion des colonies israélienne et les restrictions de mouvement imposées aux Palestiniens en zone C ». Le rapport relève aussi que cette zone C dispose de « ressources naturelles et de terres cruciales pour la croissance démographique et économique d'un Etat palestinien viable dans les frontières de 1967. »
En Israël où on a pris connaissance de ce rapport qui est en fait un « document de travail interne » selon les termes de la diplomatie européenne, les critiques vis-à-vis de l'Union européenne n'ont pas tardé. Sous couvert de l'anonymat, un responsable gouvernemental israélien a dénoncé une « ingérence européenne dans les affaires intérieures d'Israel.» Et auparavant, le chef de la diplomatie israélienne Avigdor Liebermann avait accusé l'Allemagne, la France, le Royaume Uni et le Portugal de se rendre « insignifiants » après que ces pays eurent condamné devant les Nations unies la décision d'Israël d'élargir la construction de ses colonies en territoire palestinien.
Dimanche, le président palestinien entamera une tournée d'une semaine qui le mènera en Grande-Bretagne, en Allemagne et en Russie. Mahmoud Abbas s'entretiendra avec les chefs de gouvernement à Londres, Berlin et Moscou des moyens concrets de relancer les pourparlers israélo-palestiniens dans ce contexte difficile.
Auteur: Philippe Pognan (AFP/ DPA)
Edition: Cécile Leclerc