Dissolution du Parlement en Ukraine
9 octobre 2008L'annonce du président ukrainien met un terme définitif à neuf mois de cohabitation orageuse entre son parti et le bloc de sa rivale Ioulia Timochenko. Le divorce avait déjà été prononcé début septembre suite à un ultime désaccord entre les deux alliés de la Révolution Orange. Les partis représentés au Parlement avaient 30 jours pour former une nouvelle coalition, faute de quoi la Constitution autorisait Viktor Iouchtchenko à dissoudre le Parlement. Alexandra Goujon, maître de conférence à Sciences Po Paris : "Il a essayé de montrer que les tractations au Parlement ont échoué et qu'il était obligé de dissoudre le Parlement. Tactiquement, c'est une manière d'éviter à Ioulia Timochenko de devenir à nouveau Premier ministre, du moins de lui barrer la route."
Si la démarche est habile d'un point de vue tactique, il n'en reste pas moins que le pari est risqué pour Viktor Iouchtchenko qui n'est pas assuré de remporter les élections : "Il joue vraiment la carte du temps, avant la véritable échéance qui est pour lui tout comme pour Timochenko et Ianoukovitch l'élection présidentielle prévue pour fin 2009 - début 2010. Ceci dit, on risque d'avoir une faible participation électorale : les gens en ont marre de voter et surtout, visiblement cette élection ne profitera pas au parti politique qui le soutient."
Le Parti des Régions, de Viktor Ianoukovitch pourrait tirer son épingle du jeu, mais l'issue de la consultation reste très incertaine. "Le parti des régions va sans doute jouer sur l'échec de l'actuelle coalition orange, mais comme Timochenko est populaire, cela peut lui rapporter des voix. Donc on risque d'être de toute façon avec un parti du président très affaibli et les deux autres parti, le parti des régions et celui de Ioulia Timochenko avec une position de force."
Tout dépend de la manière dont va se dérouler la campagne électorale. Viktor Iouchtchenko pourrait être tenté de refaire alliance avec Viktor Ianoukovitch pour couper l'herbe sous le pied à sa rivale, dans la perspective de l'élection présidentielle.