La politique migratoire de Berlin est controversée
28 octobre 2015
Le ministre-président de l'Etat régional de Bavière, le conservateur Horst Seehofer, (de la CSU,parti frère de la CDU de la Chancelière), rend l'Autriche responsable de ces goulots d'étranglement à ses frontières: il accuse le voisin du sud d'envoyer des milliers de réfugiés sans avertissement vers la Bavière. D'autre part, relève la Süddeutsche Zeitung, Horst Seehofer critique sans ambages la "politique de la porte ouverte" de la chancelière Angela Merkel. Pourtant, poursuit le journal de Munich, les élus locaux en Bavière avaient averti depuis quelque temps déjà que le système d'accueil des réfugiés menaçait de s'effondrer. Le gouvernement régional bavarois se sent abandonné par Berlin et il a raison, souligne l'éditorialiste. La solidarité est une denrée rare de nos jours! La Süddeutsche conclut par une question: "Pourquoi la Bundeswehr, l‘armée, n'est- elle pas mobilisée pour assurer une première aide d'urgence aux réfugiés alors qu'à chaque inondation ses soldats assurent les premiers secours ?..."
La taz, die tageszeitung estime que "Horst Seehofer provoque lui-même la catastrophe. Le conservateur bavarois a fixé un ultimatum à la chancelière "jusqu'à la Toussaint", c'est-à-dire dimanche 1er novembre, pour gérer et limiter les arrivées de réfugiés. Angela Merkel doit, selon lui, limiter l'immigration et interdire à l'Autriche d'envoyer tous les réfugiés vers la frontière bavaroise. Et pour le cas où ses paroles resteraient sans suite, Horst Seehofer a de nouveau brandi la menace de "mesures d'urgence" sans préciser sa pensée. Quoi qu'il en soit, il ne peut décider seul de fermer purement et simplement ses frontières, une telle mesure n'étant pas du ressort d'un Etat régional. Et la taz conclut : "le dossier migratoire reste l'affaire de la chef, à Berlin".
D'autres journaux se penchent sur les inquiétudes d'une partie de la population, les classes moyennes...
Ainsi la FAZ, la Frankfurter Allgemeine Zeitung reproche à toute la classe politique allemande de perdre de vue les inquiétudes d'une grande partie de la population face aux défis à relever. Selon l'éditorialiste, dès que quelqu'un n'accepte pas en bloc tout ce qui fait de l'Allemagne un pays d'immigration, on le fait taire et le débat sur l'avenir et le devenir du pays est immédiatement clos. Bien des choses, dites ou faites depuis le début de la crise migratoire en Allemagne, ne s'expliquent - selon la FAZ- que par le fait que pour beaucoup, il ne s'agit pas de s'occuper avant tout de la question des migrants, mais plutôt de se distancer des idées de la droite extrémiste. Le résultat est une incapacité à agir, un mélange de fatalisme, d'entêtement et d'excès moralistes. Ce n'est pas comme cela que l'on combat l'extrémisme, mais qu'on le créée", avertit le quotidien de Francfort.