Démocratie à la biélorusse
25 septembre 2012Une « farce électorale », un « climat de peur et de répression », une « tragédie pour le peuple biélorusse »... voici quelques titres que l'on pouvait lire ce matin dans la presse allemande à propos de ces élections. Conformément à sa réputation, écrit Die Welt, le Bélarus reste la dernière dictature communiste d'Europe. Les élections se sont déroulées comme prévu. Il n'y a eu aucune surprise, ce qui n'est pas étonnant car dans le système Loukachenko, être opposant nuit gravement à la santé, voire peut se conclure de façon tragique. Parmi les pratiques obligatoires des despotes modernes, il y a celle d'utiliser les rituels de la démocratie pour légitimer leur pouvoir, tout en s'assurant qu'ils restent vides de sens. Tous les moyens sont bons pour y parvenir : de la violence pure et simple à la pression subtile, du clientélisme à la propagande. Le Bélarus propose de nombreuses variations sur ce thème, commente Die Welt.
Le Bélarus n'est pas le seul pays qui soit source d'inquiétude pour les Européens, souligne la Süddeutsche Zeitung. Ukraine, Géorgie, Russie, Azerbaïdjan... A l'est de l'Europe, ce n'est pas la démocratie qui a actuellement le vent en poupe, mais le contrôle étatique et le pouvoir des autocrates. Il y a quelques années encore, la frontière entre l'est et l'ouest semblait se dissoudre. Aujourd'hui, un nouveau mur s'érige entre démocraties et non-démocraties. En partie parce que l'on a sous-estimé la persévérance des élites au pouvoir, mais aussi parce que l'Europe n'a pas su s'ouvrir à ces pays et y a par conséquent perdu de son aura.
Selon die tageszeitung, l'Union européenne doit maintenant s'unir pour apporter des réponses politiques au problème biélorusse. Concrètement il s'agit de renforcer les sanctions contre le régime, soutenir la société civile et alléger les conditions d'obtention de visas. Après ce succès électoral, Alexandre Loukachenko va continuer comme avant, mais l'occident n'a pas le droit d'en faire autant, prévient le quotidien.
Les pays occidentaux ne peuvent que continuer à condamner et à isoler le régime biélorusse, reconnaît la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Cela pourrait fonctionner si seulement Moscou ne soutenait pas le dictateur, en contrepartie d'une influence de plus en plus grande sur l'économie biélorusse. Le pays risque de tomber bientôt comme un fruit mûr dans les bras du Kremlin. Et là, conclut le journal, on pourra dire adieu à la démocratie au Bélarus.