Election présidentielle à Berlin
16 mars 2012Joachim Gauck dispose du soutien des principaux partis politiques du pays, la seconde, Beate Klarsfeld, n'a été proposée que par le seul parti Die Linke (gauche radicale). Il est donc clair que Joachim Gauck sera élu et succédera au président Christian Wulff qui, soupçonné de corruption, a démissionné le 17 février dernier.
L'Assemblée fédérale, constituée de 620 députés et représentants des Etats régionaux, doit se réunir dimanche pour cette élection dans le bâtiment du Reichstag, siège du Bundestag, la chambre basse du parlement allemand à Berlin. En Allemagne la présidence est surtout une charge honorifique, un poste pour lequel le candidat doit avant tout être un modèle sur le plan moral, éthique. Les deux candidats en présence ont le profil voulu.
Le pasteur anti-Stasi
Joachim Gauck est un pasteur protestant, âgé de 72 ans, qui a milité pour les droits de l'Homme au cours des dernières années d'existence de la RDA, l'Allemagne de l'Est communiste. Après la chute du Mur, Joachim Gauck a administré pendant dix ans, jusqu'en 2000, le Centre de documentation de la Stasi, l'ex-police secrète de la RDA. Ce centre contient des millions de documents, il est pour ainsi dire la mémoire des méthodes employées par la dictature de l'ancien Etat communiste allemand. Il est encore aujourd'hui le plus souvent évoqué comme le « centre Gauck ». Ce conservateur libéral, pour lequel la LIBERTE est le thème central de sa vie, veut que ses concitoyens prennent conscience que - dixit- la République Fédérale est un « bon pays démocratique qu'ils peuvent aimer ». Lors de la précédente élection en 2010, Joachim Gauck, alors soutenu par les sociaux-démocrates et les Verts, avait échoué face à Christian Wulff. Aujourd'hui il a également le soutien des partis de la coalition gouvernementale et son élection dimanche ne fait pas de doute.
La chasseuse de nazis
Sa rivale, Beate Klarsfeld, 73 ans, est soutenue par la seule Gauche radicale Die Linke. Cette Allemande qui vit à Paris est une figure respectée. Avec son mari français Serge Klarsfeld, dont une partie de sa famille juive a été assassinée dans les camps d'extermination, elle a consacré sa vie à la mémoire de la Shoah et à la chasse aux nazis. Elle a contribué à faire juger et condamner des criminels de guerre et des génocidaires, tels que le SS Kurt Lischka qui avait orchestré la rafle du Vel d'Hiv, et la déportation de milliers de Juifs Français en juillet 1942 ou bien encore Klaus Barbie, SS chef de la Gestapo, la police secrète nazie de Lyon. En Allemagne, elle est surtout connue pour une gifle retentissante qu'elle avait donnée le 7 novembre 1968 au chancelier Kurt Georg Kiesinger, ancien membre du parti nazi. C'est justement pour son combat contre les nazis que le parti « Die Linke » a choisi de présenter Beate Klarsfeld. Beate Klarsfeld, qui plaide pour une interdiction du parti néonazi NPD, a déclaré ressentir sa nomination comme un "honneur". Officier de la Légion d'Honneur en France, elle n'a jusqu'ici reçu aucune distinction de la part de l'Allemagne.
Auteur : Philippe Pognan
Edition: Cécile Leclerc