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Législatives au Sénégal, un scrutin trop personnalisé ?

Robert Adé
12 novembre 2024

Au Sénégal, les législatives subissent une personnalisation qui semble reléguer les programmes des partis au second plan.

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Un électeur glisse sont bulletin dans l'urne
Le pouvoir et l'opposition axent leur campagne électorale sur les acquis de leurs leaders.Image : Marco Longari/AFP

Les réalisations de l'ancien président du Sénégal, Macky Sall, sont au centre de la campagne électorale pour les élections législatives du 17 novembre. Une personnalisation de la campagne qui masque le programme électoral de la liste Takku Wallu, ceci d'autant plus que Macky Sall en est la tête de liste. Mais le phénomène est similaire pour la liste du parti au pouvoir.

Une situation confuse

D'un côté, les candidats de la liste Pastef au pouvoir insistent sur le plan de transformation Sénégal 2050 du président Bassirou Diomaye Faye.De l'autre, les candidats de la liste Takku Wallu, de l'opposition, s'appuient sur les acquis et réalisations de l'ancien président Macky Sall pour solliciter le vote des électeurs.

Pour le journaliste et analyste politique Babacar Dione, cette personnalisation de la politique, dans un contexte d'élections législatives, entretient la confusion sur le rôle du député.

" Un député ne peut pas faire des routes, des infrastructures" explique-t-il. Selon l'analyste, cette situation est "assez confuse, malheureusement ! Et les Sénégalais ne comprennent pas réellement quel est le véritable rôle du député ".

Babacar Dione pense par ailleurs que "les partis politiques et les coalitions n'aident aussi pas les Sénégalais à comprendre".

La coalition Takku Wallu fait donc reposer sa campagne essentiellement sur le bilan de l'ancien président et tête de liste Macky Sall. Elle n'a pas de programme spécifique à proposer aux électeurs, déplore pour sa part Mamadou Sy Albert, analyste politique et écrivain.

"Un député ne peut pas faire des routes"

Selon lui "pour l'essentiel, le programme de cette coalition n'est pas tellement perceptible même si, par ailleurs, c'est la coalition la plus manifestement opposée à la majorité parce que c'est l'ancien parti au pouvoir, plus le PDS ".

Il assure aussi à la DW que "ce sont ces deux locomotives qui dirigent cette coalition, mais ils n'ont pas réellement un programme spécifique". A en croire l'expert, le programme de cette coalition se résume à "ne pas donner la majorité parlementaire" et "gagner les départements ". Le fait de tabler sur le bilan, sur les réalisations du président Macky Sall est, selon lui "un handicap ".

Rien de nouveau

La personnalisation politique du débat électoral n'est rien de nouveau, nuance l'analyste politique et expert électoral Pape Kabo. Pour lui, il y a peu de différence entre les thématiques de la présidentielle et celles des législatives.

" En fait, chacun reprend les thématiques utilisées ces dernières années ou pendant la présidentielle, espérant avoir une majorité à l'Assemblée nationale et gouverner le pays" précise Pape Kabo qui est aussi membre fondateur de la coalition Diomaye Président et de Pastef. Selon lui "leur démarche, leur stratégie vont dans le sens de représenter le peuple et gouverner le peuple".

La campagne électorale pour les élections législatives du 17 novembre tourne donc essentiellement autour de l'ancien président Macky Sall, mais aussi de l'abrogation de la loi d'amnistie, la mise en place d'une cour spéciale de justice, la violence, le bilan et les promesses, non tenues pour certains, de l'actuelle majorité présidentielle.