En Côte d'Ivoire la nourriture en prison rend malade
24 novembre 2020"Vous voyez, on prend une pelle, la même que nous prenons pour mouiller le ciment, et on sert le riz et la sauce ainsi". Ainsi se passe les choses à maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA), la plus grande et plus célèbre des prisons ivoiriennes. Il y en 33 autres dans tout le pays. Des établissements où bien souvent les conditions d'hygiène concernant l'alimentaire ne sont pas respectées.
"Pour enlever les condiments dans une sauce par exemple, c’est avec un râteau. Le râteau qu’on prend pour faire le jardin", raconte encore Samba David, qui préside le mouvement des Indignés de Côte d'Ivoire et a séjourné lui-même à plusieurs reprises en prison, dont la MACA.
Développement des maladies
Il est difficile de savoir avec précision combien de détenus comptent les 34 prisons de Côte d’Ivoire. Une chose est sûre : les centres pénitentiaires sont surpeuplés dans le pays, ce qui rend les conditions d'alimentation chaotiques. Rien qu'à la MACA, 7.000 prisonniers s'entassent dans un établissement prévu pour 1.500 personnes.
"Ici en Côte d’ivoire, dans les prisons ce sont les prisonniers eux-mêmes qui font la cuisine", assure Samba David, qui parle de mauvaise qualité. Il raconte que beaucoup de prisonniers se font livrer de la nourriture depuis l'extérieur, depuis leur domicile, ou alors via des produits amenés du marché. "La qualité du riz est mauvaise, ce qui explique qu’au niveau des prisonniers, il y a toujours des maladies." Il parle de prisons "mouroirs".
Aide de la Croix-Rouge
La pandémie sanitaire de la COVID-19 n’a pas arrangé les choses. Alors le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), qui intervient régulièrement dans les centres pénitentiaires du pays, a fourni des vivres aux détenus pour renforcer leur système immunitaire. Une aide indispensable pour près de 1.200 prisonniers qui souffriraient de malnutrition ou de maladie selon Steven Anderson, coordonnateur pour la communication du CICR d’Abidjan. "C’est important que les autorités puissent être attentives à leurs besoins particuliers", insiste-t-il. "Le sujet de la nutrition est un sujet prioritaire sur lequel nous travaillons avec les autorités."
Dans les prisons comme la MACA, des détenus sont frappés de maladies telles que la tuberculose, le béribéri. Pour améliorer les conditions de la restauration de ces prisonniers, Samba David suggère l’envoi dans ces établissements fermés d’élèves stagiaires en hôtellerie. Ils pourraient s’occuper de la cuisine et ainsi contribuer à réduire le taux de mortalité parmi les détenus.
Toute cette semaine, la DW vous propose une série de reportage dans les prisons du pays, à découvrir dans notre journal de 17hTU et sur notre site internet.