En Centrafrique, la Séléka continue de tuer
18 juillet 2013Les victimes faisaient partie d'un groupe d'une trentaine de personnes, enlevées en plein jour alors qu'elles se rendaient en transport en commun dans la ville de Mbaiki, à une centaine de kilomètres au sud de Bangui. Depuis le début de la semaine, sept corps ont déjà été repêchés sur le fleuve Oubangui, attachés mains dans le dos, langues arrachées, yeux crevés.
Morts pour un t-shirt
Leur péché, c'est de voyager aussi avec des t-shirts à l'effigie de l'ancien président François Bozizé. « Au niveau du contrôle des éléments de la force Séléka, un ou deux d'entre eux ont été trouvés porteurs de t-shirts à l'effigie du président sortant, raconte Joseph Bindoumi, président de la ligue centrafricaine des droits de l'Homme. Le chauffeur du véhicule et son apprentis ont été enlevés et exécutés, les passagers ont été tous conduits vers une destination inconnue et tous ont été exécutés. »
Alors que la Fédération internationale des Droits de l'Homme a accusé hier la Séléka d'avoir commis plus de 400 meurtres en quatre mois, Joseph Bindoumi déplore le cycle de violences qui perdure dans Bangui depuis l'avènement de l'ex-rébellion qui a renversé le président Bozizé en mars dernier : « Le changement politique intervenu le 24 mars nous a amené trop de violences. L'insécurité a a atteint un niveau que la RCA n'a jamais connu. Si on doit découvrir des corps des personnes exécutées sommairement alors que les cours et tribunaux ont commencé à travailler, ces gens devraient être présentés au procureur qui devrait enquêter sur leurs crimes et les traduire en justice. »
Situation sécuritaire instable
Ce n'est qu'après la découverte de cinq corps que le procureur de la république Alain Tolmo a annoncé l'ouverture d'une enquête : « Il s'agit pour nous d'assassinats, de crimes crapuleux qui ne sauraient rester impunis. Une enquête judiciaire est déjà ouverte pour l'élucidation des circonstances de ces actes de barbarie. Je tiens à signaler avec fermeté que la justice sera intraitable et fera preuve d'une rigueur exemplaire. »
Les faits se sont produits quelques jours seulement après que le président de la transition Michel Djotodia se félicitait du retour de la sécurité dans la ville : « Nous avons noté une amélioration significative sur le plan sécuritaire. Aujourd'hui, même les plus sceptiques reconnaissent les efforts que nous avons tous fournis avec nos propres moyens en ramenant la sécurité, condition incontournable de notre relèvement économique. »
Ces actes survenus ces derniers jours à Bangui comme à l'intérieur du pays prouvent que l'insécurité demeure toujours l'épine dans les pieds du gouvernement.