Les humanitaires préoccupés par la situation au Nord Kivu
2 novembre 2022Il y a à peine quelques heures, le baromètre sécuritaire du Kivu faisait savoir, via son compte Twitter, que dans la nuit du dimanche 30 au lundi 31 octobre, au moins six civils ont été tués dans leurs maisons à Rugari, dans le territoire de Rutshuru, au Nord Kivu. Une localité qui rappelons-le est passée sous le contrôle des rebelles du M23.
La situation qui prévaut sur place est inquiétante parce qu’elle a entraîné le déplacement de plusieurs milliers de personnes.
Yvon Edoumou, porte-parole du bureau de la coordination des affaires humanitaires en RDC, précise que leur crainte majeure est de voir ces violences continuer et pousser encore plus de personnes à fuir.
" Aujourd’hui, nous estimons qu’au moins 160.000 personnes ont été déplacées depuis la reprise des combats. Nombre d'entre elles sont arrivées vers le Nyiragongo, d’autres sont restées au sein de familles d’accueil dans le Rutshuru. Aujourd’hui, nous sommes dans une crise de protection de civils. Donc nos priorités sont de protéger ces personnes qui sont déplacées, s’assurer que nous sommes en mesure de leur apporter de l’aide et s’assurer que les dégâts qui sont causés par ces violences puissent s’arrêter le plus rapidement possible," confie M.Edoumou à la Deutsche Welle.
Plusieurs défis à relever pour les humanitaires
De nombreux besoins ne sont pas couverts sur place, insiste Le Juste Lurhakwa, coordinateur adjoint du projet MSF Belgique. Il déplore surtout le nombre réduit d’acteurs humanitaires déployés sur le terrain.
Si ceux-ci ne se positionnent pas assez rapidement, il dit craindre le pire en termes d’épidémies, de famine et de malnutrition. "Les déplacés continuent à affluer en provenance de Rutshuru vers Kanyaruchynia où nous intervenons avec de nombreux besoins qui ne sont pas couverts. Par exemple, les besoins en nourriture, en abris, en protection et aussi les besoins en eau. Il y a des gaps non couverts et qui peuvent être des facteurs pouvant déclencher des épidémies qu’on ne saura peut-être pas contrôler ensuite, et en termes de protection, on dénombre également des cas de violences sexuelles. "
Des manifestations pour dire "Non au M23"
En juin dernier le M23 s'est emparé de la ville de Bunagana.
Le mouvement du 23 mars est une ancienne rébellion tutsi qui a repris les armes fin 2021, reprochant à Kinshasa de n'avoir pas respecté des accords sur la réinsertion de ses combattants.
Depuis le début de la semaine, on assiste à Goma à des manifestations pour dénoncer la présence du M23 dans plusieurs localités du Nord-Kivu. Ce mercredi encore, des manifestants se sont mobilisés contre le M23.