En RDC, une chocolaterie prospère malgré l'insécurité
13 octobre 2021"Le grand défi était d’apprendre d’abord ce métier, d’apprendre d’abord ce qu’est le chocolat, d’apprendre comment on fait le chocolat et d’arriver à en avoir la maîtrise."
Roger Muhindo est le responsable de production de la petite usine de chocolaterie installée depuis janvier 2020 à Mutwanga, dans le territoire de Beni.
Il est fier de sa chocolaterie, symbole du courage entrepreneurial dans l'une des régions les plus dangereuses du monde.
Lui et la dizaine d'employés de l'usine "Virunga Origins chocolates" veulent transformer le cacao sur place pour lutter contre sa contrebande vers l'Ouganda voisin et créer des emplois afin d’éviter l’enrôlement des populations dans les groupes armés.
Insécurité permanente
Cependant, les fils barbelés et les gardes armés autour de l'enceinte rappellent que la ligne de front est toute proche. En moins d'un an, plus de 200 civils ont été tués dans un rayon de 20 kilomètres autour de la chocolaterie, principalement dans des villages isolés proches des plantations de cacao. Et ce malgré la présence et l’effort des militaires.
Antony Mwalushayi est le porte-parole de l'opération Sokola-1 de l'armée congolaise, l'opération de lutte contre les ADF dans le territoire de Beni.
"On déploie de petites unités partout pour protéger ceux qui sont dans leurs champs. Mais le travail est difficile. Ce sont des gens qui ne vivent pas en ville, ils ont quitté la ville et ils travaillent dans leurs champs. Et quand ils croisent des rebelles armés, ceux-ci n’hésitent pas à les tuer", indique-t-il.
Mais des soldats congolais sont aussi accusés de voler le cacao pour le revendre aux contrebandiers. C’est ce qu’indique un dirigeant d'une coopérative agricole qui fournit Virunga Origins. Celui-ci a préféré garder l’anonymat.
"Il y a des voleurs qui viennent derrière les planteurs, qui stressent les planteurs. Il y a aussi les soldats qui nous gardent. Dès que les planteurs quittent les champs, il y a des militaires qui volent les produits des planteurs et ils revendent ça", confie-t-il.
Malgré la violence et le manque d'infrastructures, le parc national des Virunga (PNVi) se bat pour faire fonctionner cette petite chocolaterie. Les responsables veulent aussi vendre des produits confectionnés avec des énergies renouvelables grâce à un torréfacteur à énergie solaire.