Les Shebab toujours combatifs
11 mars 2016Terreur au sol, bombes dans l'air...
La guerre internationale contre les milices Al Shebab en Somalie s'intensifie, constate le quotidien berlinois die taz. Quelque 150 combattants de la milice jihadiste ont été tués le week-end dernier lorsque des avions américains appuyés par des drones ont bombardé la base de la milice Shebab de Raso, à 200 km environ au nord de la capitale Mogadiscio.
Les détails et le nombre exact des victimes de Raso ne seront sans doute jamais connus, tout comme ceux de l'attaque Shebab sur des troupes d'intervention kényanes à al-Adde dans le sud de la Somalie, le 15 janvier dernier. Ce jour là les islamistes ont envahi une importante base militaire kényane de la troupe d'intervention africaine en Somalie-l'AMISOM- et tué entre 100 et 150 soldats.
Ces opérations meurtrières illustrent à quel point la guerre en Somalie est redevenue destructrice, alors que ces dernières années, l'expulsion des Shebab de la capitale Mogadiscio avait nourri des espoirs qui se sont avérés être des illusions. Des espoirs renforcés encore par la mise en place d'un gouvernement de transition internationalement reconnu et l'annonce prometteuse d'élections en 2016.
Mais les islamistes somaliens n'ont jamais été vaincus, même si les quelque 22.000 soldats de l'AMISOM contrôlent aujourd'hui de larges parties du territoire somalien dans le sud. En réaction, les Shebab combattent ce qu'ils qualifient "d'élargissement territorial" de l'AMISOM. Les contingents les plus performants de ces troupes envoyées par l'UA, issus des pays voisins que sont le Kenya et l'Ethiopie sont percus comme des troupes d'occupation...
Ce n'est pas l'idéologie islamiste, mais un calcul politique qui pousse maintenant certains clans à se jeter à nouveau dans les bras des Shebab, estime la taz. Un encouragement pour les islamistes qui multiplient les attentats sanglants dans les restaurants et hôtels de Mogadiscio comme aussi l'aéroport international de la capitale.
Tout celà affaiblit le gouvernement de transition à un moment critique car son mandat s'achève en août prochain. Un nouveau gouvernement devait lui succéder après des élections libres. Entretemps, on parle d'un nouveau gouvernement transitoire et de la tenue d'élections en...2020 ! La guerre civile en Somalie, tous le pressentent, redevient un phénomène endémique,conclut le quotidien de Berlin.
Autre pays, autre sombre avenir: le Zimbabwe
Le chef de l'Etat, Robert Mugabe vient de fêter ses 92 ans, mais il ne songe pas un instant à quitter le pouvoir. Il est même candidat à sa propre succession en 2018 ! Mais alors que les forces du vieux président diminuent, l'opposition, elle, croit que ses chances de succéder au dictateur augmentent..
C'était une gigantesque partie: près de 50.000 invités avaient fait le pèlerinage dans le sud du Zimbabwe pour y célébrer fin février le 92 ème anniversaire de leur président, relève la Süddeutsche Zeitung. Robert Mugabe s'est laissé acclamer près des célèbres ruines de la ville "Great Zimbabwe" avec au programme : 92 ballons, une pièce montée de 92 kilos, des chants et des poèmes à sa gloire, et à ses côtés, Grace, son épouse de quarante ans plus jeune que lui. Bref, comme toujours, un théâtre de l'absurde, amusant si le pays que dirige Mugabe depuis l'indépendance en 1980, ne se portait pas aussi mal que jamais. Bien que l'économie soit agonisante et que la sécheresse actuelle renforce la misère de nombreux Zimbabwéens, quelque 750.000 euros ont été dépensés pour cette partie d'anniversaire!
Le pays est au bord du gouffre et les forces de son dirigeant diminuent à vue d'oeil. Mugabe, le plus vieux chef d'Etat au monde, s'endort lors de réceptions, trébuche quand il monte sur une estrade, et il y a quelque mois il a prononcé le même discours deux fois de suite...
Mais Robert Mugabe ne songe pas un instant à quitter le pouvoir. Au contraire, il a déjà annoncé qu'il serait candidat à sa propre succession en 2018! Derrière son dos, une lutte larvée pour le pouvoir a commencé entre le vice-président et ex-chef des services secrets Emmerson Mnangagwa et l'ex-vice présidente déchue Joice Mujuru. Mais il faut compter aussi avec un troisième "larron" à ne pas sous-estimer, Grace Mugabe, la "First Lady", la "Première Dame" qui cache de moins en moins ses ambitions.
Pour l'instant, aucun des trois ne se détache du lot. Mais ce qui est sûr, selon la Süddeutsche Zeitung, c'est qu'au lieu de nécessaires réformes politiques et économiques, c'est une sale lutte pour le pouvoir qui s'annonce. La dernière chose dont un pays qui s'effondre comme le Zimbabwe a besoin!" conclut le quotidien de Munich.