Les enseignants tchadiens réclament leurs salaires de 2016
12 décembre 2023Au lycée Félix Eboué et le lycée Technique commercial, les deux plus grands établissements scolaires de la capitale, situés face à face, dans le troisième arrondissement de N'Djamena.
Ce carrefour habituellement très fréquenté aux heures de pointe est presque vide aux environs de sept heures ce vendredi matin.
Les portes des salles de classes sont fermées. La situation est identique dans les lycées de Walia, dans le neuvième arrondissement, et au quartier Gassi dans le septième arrondissement. Les parents sont pour leur part excédés par cette grève, à l'exemple de Clément Noudjadoum, rencontré à son domicile.
"C'est une situation triste et incompréhensible. J'appelle vraiment les deux camps, c'est-à-dire les enseignants et le gouvernement, à trouver une solution pour que nos enfants reprennent les cours. Vous voyez, les enfants ont déjà perdu un trimestre. Imaginez si jamais la grève perdure, quel résultat on va avoir à la fin de l'année'", a-t-il déploré.
Assise à côté de lui, Constance, sa fille, âgée de dix ans, regarde des dessins animés à la télévision. Constance n'a qu'un seul souci : reprendre les cours au plus vite.
"Je suis fatiguée de rester à la maison. Je veux aller à l'école. Il faut que les cours reprennent vite", implore-t-elle.
Les enseignants interpellent le gouvernement
Les enseignants disent être conscients de la situation et en appellent à l'arbitrage du président de la transition pour sortir de cette crise. David Ningar Rogoto, secrétaire général du comité de crise des enseignants grévistes, déplore la mauvaise foi du gouvernement.
"Nous avons eu deux rencontres avec notre ministère de tutelle et deux rencontres avec le Premier ministre de transition, mais toujours est-il que nous ne nous sommes pas entendus et jusqu'à présent, chacun est resté sur ses position", raconte-t-il. Nous pensions que le Premier ministre allait nous trouver une solution idoine pour reprendre les cours, mais nous nous sommes rendu compte que ce dernier ne fait que nous enfoncer. Donc nous demandons l'arbitrage du président de la transition afin de nous permettre de reprendre les cours. Parce que nous ne sommes pas allés en grève de gaieté de cœur. Ce sont aussi nos enfants qui sont à la maison."
Selon le Premier ministre Saleh Kebzabo, le montant des arriérés de paiement que réclament les enseignants est d'environ 500 milliards de francs CFA. Ce que le Trésor public tchadien ne serait pas en mesure actuellement de fournir.