L'esclavage moderne en hausse dans le monde
24 mai 2023Le Global Slavery Index 2023estime à 50 millions le nombre de personnes victimes d'esclavage moderne dans le monde. C'est 10 millions de plus qu'en 2016.
Cette grave atteinte aux droits humains peut prendre plusieurs formes : le travail forcé, la servitude pour dettes, le mariage forcé, le trafic humain, ou encore l'exploitation sexuelle. Les trois pays où l'on estime retrouver le plus d'esclavage moderne sont la Corée du Nord, l'Érythrée, et la Mauritanie.
Une lutte de plus en plus organisée
"Aujourd'hui on peut dire qu'au niveau international il y a vraiment une conscience de ce qu'est l'esclavage moderne, la traite des êtres humains", souligne Roxane Ouadghiri, chargée de projet du Comité contre l'esclavage moderne en France.
L'interdiction de l'esclavage fait partie des droits fondamentaux présents dans tous les textes de défense des droits de l'Homme. A ce titre, la lutte et l'accompagnement des victimes s'organise à toutes les échelles.
Les agences onusiennes, comme l'Organisation internationale pour les migrations, ou le Haut commissariat aux droits de l'homme, ont des bureaux spécialisés dans la question de l'esclavage moderne. C'est aussi le cas à l'échelle européenne. "Les échanges internationaux sont extrêmement importants car ils permettent de renforcer les compétences de tout le monde", appuye Roxane Ouadghiri.
Crises et vulnérabilité
Mais alors comment expliquer la hausse du nombre de victimes ? Le Global Slavery Index esquisse plusieurs explications : les conflits armés en plus grand nombre, la crise climatique, l'impact économique et social de la pandémie du covid-19... Autant de crises qui s'associent à un déclin démocratique global.
"On sait que les déplacements de personnes, du fait des catastrophes climatiques ou des guerres, entraînent de la vulnérabilité", détaille Roxane Ouadghiri. "On peut donc penser qu'un plus grand nombre de personnes va soit tomber dans des pièges tendus par des exploiteurs, soit être prêt à accepter n'importe quelles conditions de travail pour survivre."
Ces populations sont souvent migrantes et précaires. "Au Comité contre l'esclavage moderne, 95% des personnes qu'on accompagne en France viennent de régions extra-européennes, notamment du Maroc, de la Côte d'Ivoire et des Philippines", explique Roxane Ouadghiri à titre d'exemple.
L'activiste n'est pas surprise par les résultats présentés par le rapport de Walk Free. Pour elle, une meilleure formation globale des acteurs permet aussi une meilleure identification des victimes. Cela expliquerait également en partie la hausse de l'esclavage moderne observée et rapportée par le nouveau rapport.