Etats-Unis : Joe Biden se rapproche de la Maison Blanche
6 novembre 2020Aux Etats-Unis, on se rapproche de plus en plus du dénouement et Joe Biden de plus en plus de la Maison Blanche. Alors que le dépouillement des très nombreux votes par correspondance se poursuit, le démocrate est désormais en avance au Nevada, en Géorgie et surtout en Pennsylvanie.
Malgré tout, le président Donald Trump a une nouvelle fois affirmé avoir remporté le scrutin, c'était lors d'une allocution à la télévision. Une intervention interrompue par quasiment toutes les grandes chaînes d'information pour expliquer aux téléspectateurs que les déclarations du président sont fausses. Du jamais-vu, Marco Wolter…
"Nous voilà à nouveau dans la position inhabituelle de non seulement avoir à interrompre le président des Etats-Unis mais aussi à devoir corriger le président des Etats-Unis". Nous sommes sur la chaîne MSNBC. Alors que Donald Trump vient de prendre la parole depuis seulement 35 secondes dans la salle de presse de la Maison Blanche, le présentateur Brian William coupe la séquence et prend la parole.
Donald Trump venait une nouvelle fois de dénoncer des fraudes massives.
"Si vous comptez les votes légaux, je gagne facilement. Si vous comptez les votes illégaux, ils peuvent essayer de nous voler l'élection"…
Comme MSNBC, les présentateurs des chaînes NBC et ABC News, tout comme CBS décident de couper le micro de Donald Trump.
A la radio, c'est la chaîne publique NPR qui intervient après 90 secondes d'allocution.
Les républicains partagés
Parmi les grandes chaînes d'information, seuls CNN et Fox News ont laissé l'allocution aller au bout. Si sur CNN, les déclarations du chef de l'Etat ont été condamnées dans la foulée, même la pro-Trump Fox News a concédé qu'il n'y avait pas de preuves pour étayer ces accusations de fraude.
Depuis la déclaration de victoire prématurée de Donald Trump le soir de l'élection, les médias ont adopté une posture de rempart de la démocratie.
Et les voix se font de plus en plus fortes pour obtenir des réactions dans le camp républicain.
Si Donald Trump a reçu le soutien de deux ténors du parti, Lindsey Graham et Ted Cruz, il s'est vu contredire par le sénateur républicain de Pennsylvanie qui s'est dit indigné. La Pennsylvanie, un Etat toujours en cours de dépouillement et où Joe Biden est désormais en tête.
Mirage rouge
Si l'attente des résultats semble interminable, ce scénario d'un décompte au ralenti était pourtant prévisible et la possibilité d'une annonce de victoire précoce de Donald Trump avait été imaginée par bon nombre des médias américains.
En effet, le président n'a cessé de chercher à décrédibiliser le vote par correspondance pendant la campagne.
C'est ce qu'on a appelé "le mirage rouge", à savoir une avance du républicain le soir du vote parce que ses partisans ont plutôt voté en personne alors que les démocrates ont demandé à leurs électeurs de voter par correspondance en raison de la pandémie de Covid-19.
Un score de Donald Trump rattrapé ensuite au moment du dépouillement des votes envoyés par la poste, majoritairement démocrates, et qui mettent plus de temps à être comptés : il faut ouvrir l'enveloppe, vérifier l'identité et la signature de l'électeur. Et cette année, ces votes ont été plus nombreux.
Mais si désormais il faut prendre son mal en patience, c'est aussi qu'un Etat comme la Pennsylvanie n'autorisait pas le comptage des votes par correspondance avant le 3 novembre, contrairement à la Floride.
Par ailleurs, dans certains Etats, il fallait que la lettre avec le bulletin de vote arrive au plus tard le 3 novembre, alors que dans d'autres, c'est le cachet de la poste qui compte.
Une règle qui peut notamment se justifier par le fait que le système postal a été dépassé cette année par la quantité de lettres à traiter.
En résumé, chaque Etat est compétent en matière de règles électorales. Et il n'est pas inutile de rappeler qu'il s'agit d'un pays de la taille d'un continent, avec 50 Etats et près de 330 millions d'habitants.
Enfin, si le système paraît flancher aujourd'hui, c'est surtout par des conditions de vote exceptionnelles, et un président sortant qui n'est pas censé annoncer sa victoire avant la fin des dépouillements.