Les entraves au vote des Afro-Américains aux Etats-Unis
31 octobre 2024A l'approche de l'élection présidentielle du 5 novembre aux Etats-Unis, une question se pose : la démocratie américaine, symbole de liberté et d'égalité, est-elle vraiment accessible à tous ? Pour la communauté afro-américaine, le chemin vers les urnes reste en effet semé d’obstacles liés à un passé de ségrégation et de discrimination.
En 2024, dans certains Etats du Sud et du Midwest, des milliers d’électeurs noirs rencontrent encore de véritables barrières pour exercer leur droit de vote. En Géorgie, une nouvelle loi connue sous le nom de "Election Integrity Act of 2021", impose des exigences d’identification strictes et limite le vote anticipé.
Martin Klu, un électeur dans le comté de Cobb en Géorgie, explique que "le problème, est la carte d'identité. Votre carte d'identité doit être à jour avant que vous puissiez voter. Et si ce n'est pas le cas et que vous voulez la renouveler, vous allez le regretter. Bien évidemment, vous allez la recevoir, mais après le vote. C'est juste une manière de décourager les gens d'aller voter. J'ai moi-même déjà été confronté à cette situation".
Des bureaux de vote éloignés
Au Texas, les bureaux de vote sont inégalement répartis, laissant de grandes zones urbaines noires sous-équipées. Selon le Texas Civil Rights Project, des milliers de bureaux ont fermé ces dernières années dans des quartiers à forte population noire et hispanique, obligeant les résidents à parcourir de longues distances.
En Caroline du Nord et du Sud, une loi de 2023 exige une pièce d'identité avec photo pour voter, une règle que beaucoup jugent discriminatoire. Environ 25 % des Afro-Américains inscrits n’ont pas de carte d'identité avec photo, contre 8 % des Américains blancs.
"Filtrage de l’électorat"
Richard, un nouvel arrivant en Caroline du Sud, nous parle de cette nouvelle entrave au droit de vote. Il explique qu'"ils appellent cela du 'nativisme'. C'est un courant idéologique qui leur permet d'isoler ceux qui ne sont pas des natifs américains (blancs). Ce qui permet donc à ces Etats de faire une certaine purification, une certaine forme de filtrage de l’électorat, en écartant ceux qui ne sont pas capables d'obtenir une carte d'identité avec photo et une adresse valide".
A quelques jours des élections, les associations de défense des droits des Afro-Américains intensifient leurs efforts pour informer et mobiliser. Reste à voir si leur voix pourra, cette fois encore, surmonter ces obstacles.