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L'accord sur l'accès éthiopien à la mer irrite la Somalie

Kossivi Tiassou | Avec agences
3 janvier 2024

Avec cet accord, l'Ethiopie, obtient un accès maritime qu'elle cherchait et revendiquait depuis des années. Mais le traité risque de replonger la région dans l'instabilité, la Somalie y étant opposée.

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Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et le président du Somaliland Muse Bihi Abdi
L'accord surprise a été signé alors que la Somalie et le Somaliland avaient accepté la semaine dernière de reprendre leurs négociations pour résoudre les questions en suspens, après des années de tensions politique et de blocage.Image : TIKSA NEGERI/REUTERS

C'est un accord qui divise dans la Corne de l'Afrique. Un protocole d'entente a été signé par la région séparatiste somalienne, le Somaliland et l'Éthiopie. Le texte permet à l'Éthiopie un accès au stratégique Golfe d'Aden et la possibilité d'y disposer d'une base militaire et d'une zone maritime commerciale.

Concrètement, Addis-Abeba aura 20 kilomètres d'accès à la mer Rouge sur le territoire somalilandais, notamment au port de Berbera pour une durée de 50 ans et y avoir une base militaire.

En échange, l'Éthiopie va formellement reconnaître la République du Somaliland, s'est félicité Muse Bihi Abdi, le dirigeant de ce territoire jamais reconnu par la communauté internationale depuis qu'il a proclamé unilatéralement son indépendance de la Somalie en 1991.

Mais cet épisode marque un regain de tension entre les deux voisins, l'Ethiopie et la Somalie, dont les relations historiquement tumultueuses, s'étaient quelque peu apaisées ces dernières années.

"Ce protocole d'accord va bouleverser les relations entre les deux pays et va ramener à l'époque de l'administration de Mohammed Siad Barre. Cela risque de mettre toute la région dans une grave crise. Et cela mettrait en danger les relations entre les pays de la région", craint Surafel Getahun, maître de conférences en relations politiques et internationales à l'université de Dire Dawa en Éthiopie.

Des manifestants éthiopiens soutenant l'accord entre l'Ethiopie et la République autoproclamée du Somaliland
L'accord entre l'Ethiopie et la République autoproclamée du Somaliland - née de la sécession d'avec Mogadiscio en 1991 et qui n'est pas reconnue par la communauté internationale est soutenu par des manifestants éthiopiens.Image : Mesay Tekelu/DW

Risque d'instabilité

Les relations entre la Somalie et l'Éthiopie ont été marquées notamment par deux guerres pour la région disputée de l'Ogaden (1963-64, 1977-78).

Le Somaliland, une région de 4,5 millions d'habitants qui imprime sa propre monnaie, délivre ses passeports et élit son gouvernement malgré l'absence de reconnaissance internationale, a conservé une relative stabilité, contrairement à la Somalie, pays ravagé par des décennies de guerre civile et de rébellion islamiste.

"Si nous pouvons imaginer que l'Éthiopie a la capacité de développer ce port, cela semble en réalité très difficile. Nous avons beaucoup de problèmes économiques et de sécurité. Sur ce plan, l'Éthiopie n'est pas en mesure de le développer", estime Surafel Getahun.

L'Ethiopie n'a plus d'accès maritime propre depuis l'indépendance de l'Erythrée en 1993. Elle a bénéficié d'un accès au port érythréen d'Assab, qu'elle a perdu lors du conflit entre les deux pays entre 1998 et 2000. Depuis, l'Éthiopie dépendait du port de Djibouti pour ses exportations et ses importations.

Le port de Berbera, port géré par le géant émirati DP World, est situé sur la côte méridionale du golfe d'Aden, carrefour commercial majeur à l'entrée de la mer Rouge qui mène au canal de Suez.