Félix Tshisekedi vers une consolidation de son pouvoir
4 février 2021En RDC, le président Felix Tshisekedi poursuit sa marche vers un contrôle des institutions.
Après être parvenu à écarter le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, tout comme l’ex-présidente de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda, c’est désormais un homme acquis à la cause du chef de l’Etat qui occupe le perchoir de la chambre basse du Parlement.
Il s’agit de Mboso N’Kodia Pwanga : celui-ci avait quitté en décembre dernier le FCC de l’ex-président Kabila pour se rallier, comme une bonne partie de la classe politique congolaise, au président Tshisekedi.
Mais dans ce contexte, on peut se demander quelle est la réelle marge de manœuvre de ce dernier et surtout que peut-il engager comme réformes d’ici à la prochaine présidentielle?
Des défis à relever
Insécurité, santé, éducation, lutte contre la corruption… les chantiers ne manquent pas et semblent tous prioritaires. Si depuis sa prise de pouvoir en 2019, Félix Tshisekedi était contraint de faire avec le camp de son prédécesseur Joseph Kabila, à présent il semble reprendre le contrôle des institutions du pays avec notamment une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale. Mais le politologue Bob Kabamba estime que la partie est loin d’être gagnée.
"Il lui restera quand même les institutions provinciales qui sont aux mains du FCC, c’est aussi une autre paire de manches. Le système politique congolais est basé non pas sur les partis politiques, mais sur les individus. Le fait que beaucoup de sénateurs, de députés, ont rejoint Félix Tshisekedi pour l’appât du gain fait qu’il va y avoir je pense encore des transhumances " estime-t-il.
Des réformes et des attentes
Pour l´heure, Félix Tshisekedi a toutefois une certaine marge de manœuvre pour mener des réformes, selon Dany Ayida, directeur résident de l'ONG américaine National democratic institute (NDI).
"Il y a des réformes au niveau institutionnel qui concernent le système électoral. L’administration électorale qu’il faut réformer entièrement, la Céni, la loi électorale… Certains aspects de la Constitution qui méritent d’être modifiées. Il y a aussi le chantier de la bonne gouvernance, la lutte contre la corruption au niveau institutionnel. Je ne suis pas sûr qu’on puisse constater de performances majeures d’ici à deux ans" précise l'expert en gouvernance.
Dans deux ans, le mandat de Félix Tshisekedi arrivera à son terme et un autre chantier sur lequel il est attendu est celui de la liberté d’expression, rappelle le politologue congolais Jean-Claude Mputu.
"Tous les rapports montrent qu’il y a peu d’action, que le nombre de violations de ces libertés augmentent. Des journalistes sont emprisonnés, des activistes sont menacés… comme il va être bientôt président de l’Union africaine, c’est à voir à quel point il va faire respecter les droits de l’homme et les libertés politiques dans son propre pays."
Pour Jean-Claude Mputu, toutefois, au-delà de toutes ces questions il est surtout urgent de faire fonctionner l’Etat, notamment en mettant en place un nouveau gouvernement.