100112 10 Jahre Guantanamo
11 janvier 2012Comme Abu Ghraib, la tristement célèbre prison militaire américaine en Irak ou bien encore comme Bagram, base de l'US Air Force en Afghanistan, Guantanamo est très vite devenu le symbole d'un Etat de droit qui foule lui-même aux pieds les droits de l'Homme.
A l'époque, quelques mois après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, Guantanamo était la réponse ad hoc à la question de savoir comment traiter des prisonniers capturés au cours d'une guerre dans laquelle il n'existait pas d'Etat en tant qu'ennemi. Les activistes terroristes ne pouvaient être considérés comme des prisonniers de guerre normaux, affirme James Carafano, expert des questions de défense et de sécurité à la fondation américaine conservatrice "Heritage" :
« Aucun pays au monde n'a jamais cru que l'on peut enquêter et juger des crimes de guerre sur un champ de bataille de la même manière qu'on le ferait dans une situation judiciaire civile normale. »
C'est pourquoi le président George W. Bush avait choisi Guantanamo. Cette prison se trouvant dans une zone ex-territoriale de Cuba, cela permettait à son administration de ne pas avoir à juger les "combattants ennemis" sous la jurisprudence civile américaine. Pour George W. Bush, un procès devant un tribunal civil aux Etats-Unis était hors de question. Entre-temps, la Cour suprême des Etats-Unis en a décidé autrement. Un point de vue qu'ont toujours défendu les défenseurs des droits de l'Homme, tels qu'Andrea Prasow de l'organisation Human Rights Watch :
« Des détenus accusés d'avoir commis des crimes peuvent passer en jugement devant un tribunal américain aux Etats-Unis s'ils ont enfreint des lois américaines. Et celui qui enfreint une loi afghane peut être jugé par un tribunal afghan ; et s'il n'existe pas de preuves suffisantes, alors les détenus doivent être relâchés. »
Cependant, comme la plupart des experts, James Carafano estime que la fermeture de Guantanamo n'est pas pour demain :
« Dans quatre ans, quel que soit le prochain président, la prison de Guantanamo existera encore et il y aura encore là-bas des détenus de la guerre contre le terrorisme. »
Le successeur du président Bush à la Maison Blanche, Barack Obama s'était pourtant engagé à fermer Guantanamo début 2010. Or il ne l'a toujours pas fait : aujourd'hui, il reste 171 prisonniers dans cette prison, dont un tiers libérables, sur lesquels ne pèse aucune accusation.
Auteur : Philippe Pognan
Edition : Marie-Ange Pioerron