Franc CFA (1) : le résumé du débat
25 mars 2019Pour assurer la convertibilité illimitée du franc CFA, Paris exige que les banques centrales de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Communauté économique de l'Afrique centrale (CEMAC) déposent en garantie la moitié de leurs réserves de change.
Environ dix milliards d'euros sont ainsi enregistrés sur un compte d'opération déposé auprès du Trésor français. Que fait la France avec cet argent ? L'économiste togolais Kako Nubukpo avoue l'ignorer, laissant penser que le Trésor français pourrait en dégager des revenus.
Mais la France ne place pas cet argent pour en tirer des bénéfices et ce compte est même rémunéré à hauteur de 0,7% qui correspond au taux de la Banque centrale européenne. Ce sont donc 70 millions d'euros qui sont versés chaque année aux deux banques centrales africaines de la zone franc.
Accusé de financer la dette française à hauteur de 0,5% - puisque la moitié des réserves de change africaines correspondent à ce montant - le Trésor assure que la France n'a pas besoin de cela pour trouver des liquidités.
Débat économique
En étant arrimé à l'euro, le franc CFA serait une monnaie trop forte qui handicaperait les exportations et favoriserait les importations. On trouverait là une des entraves principales à l'industrialisation des pays de la zone franc. Sur ce point, on entre dans un débat d'économistes qui, comme souvent, se contredisent.
Neuf Etats parmi les 14 qui possèdent le franc CFA font ainsi partie de la liste des pays les moins développés au monde. Mais c'est aussi le cas de 31 Etats africains sur 55. Par ailleurs, la croissance du PIB des pays de la zone franc est supérieure au reste de l'Afrique depuis 2014.
Mais il faut aussi considérer la richesse par habitant dont la progression depuis trois décennies est en effet plus lente dans la zone franc comparée à des pays qui ont leur propre monnaie comme le Ghana, le Kenya ou l'Afrique du Sud.
Une sortie possible du franc CFA pourrait se matérialiser avec la mise en place d'une monnaie commune de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest, programmée pour 2020 au plus tôt. Mais certains doutent de son efficacité au vu des situations économiques très inégales des pays membres de la Cédéao.