France : l'alliance de gauche en tête au second tour
7 juillet 2024C'est un scénario que personne n'avait envisagé : l'alliance de gauche est donnée en tête du second tour des élections législatives en France, devant la coalition du président Emmanuel Macron et devant l'extrême droite, aucun de ces trois blocs n'obtenant la majorité absolue à l'Assemblée.
Le Nouveau Front populaire est crédité de 182 députés. Ensemble, la coalition gouvernementale, arrive deuxième avec 163 sièges, devant le Rassemblement national allié avec les Républicains d'Eric Ciotti, qui récoltent 143 sièges.
Mélenchon appelle Macron à s'incliner devant le résultat de la gauche
Dès l'annonce des résultats, Jean-Luc Mélenchon a salué la mobilisation électorale. "Notre peuple a clairement écarté la solution du pire pour lui. Ce soir le RN (Rassemblement National, ndt) est loin d’avoir la majorité absolue."
Le leader de LFI (La France Insoumise) a également appelé Emmanuel Macron et Gabriel Attal à quitter leurs fonctions : "Le premier ministre doit s’en aller, le président doit s’incliner" face aux résultats de la gauche et "a le devoir d’appeler le nouveau Front populaire à gouverner, celui-ci y est prêt."
"La justice sociale a gagné, la justice environnementale a gagné, et le peuple a gagné", a déclaré pour sa part Marine Tondelier, la secrétaire générale des Ecologistes, qui a promis que le Nouveau Front Populaire allait "gouverner".
Bardella dénonce des alliances contre-nature
L'heure n'était pas vraiment à la fête du côté du Rassemblement National, le grand perdant de ce second tour. "Malheureusement l’alliance du déshonneur et les arrangements électoraux passés par Emmanuel Macron et Gabriel Attal avec l’extrême gauche privent" la France d'un gouvernement RN.
Le président du RN a toutefois salué "la dynamique qui porte le RN, et qui l’a mis en tête du premier tour" et lui permet d’obtenir un nombre historique de députés.
Un coup de théâtre présidentiel qui a mobilisé les Français
Le RN termine donc troisième de cette élection, derrière le Nouveau Front Populaire et Ensemble. Le camp présidentiel qui ne s'attendait probablement pas à finir deuxième au moment où Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l'Assemblée, au lendemain des élections européennes.
Ce coup de théâtre a mobilisé la population française, sortie en masse pour aller voter - preuve en est le taux de participation historique de 67%.
Gesine Weber, analyste France au sein du groupe de réflexion "German Marshall Fund", estime dans un entretien avec la DW qu'Emmanuel Macron s'est totalement éloigné des électeurs depuis son entrée en fonction en 2017. "Nous constatons que les Français étaient totalement insatisfaits de sa politique. Son approche et son projet politique de créer une nouvelle force politique au centre et d'affaiblir les marges politiques n'ont pas du tout fonctionné".
Qui succèdera à Gabriel Attal ?
Reste à savoir qui dirigera le nouveau gouvernement en lieu et place de Gabriel Attal, démissionnaire. Avant les élections, le président Macron avait catégoriquement exclu de faire du radical de gauche Jean-Luc Mélenchon le Premier ministre. Son parti, "La France insoumise" est quatre fois pire que la droite du RN, avait alors déclaré Macron.
Outre la gauche radicale, le Nouveau Front populaire comprend également des socialistes, des sociaux-démocrates et des écologistes. Le président pourrait maintenant tenter de diviser le Front populaire formé à la hâte et de ne travailler qu'avec les modérés de gauche.
En attedant, des milliers de personnes s'étaient rassemblées sur la place de la République à Paris, après l'annonce des premières estimations pour célébrer la victoire de la gauche. Beaucoup d'entre eux étaient surpris et heureux que l'extrême droite n'arrive pas au pouvoir.