Frank-Walter Steinmeier rencontre Hillary Clinton
3 février 2009Entre le Britannique David Milliband, l'Allemand Frank-Walter Steinmeier et le Français Bernard Kouchner annoncé pour jeudi, les ministres des Affaires étrangères européens se pressent aux portes de la nouvelle secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, afin de placer les relations transatlantiques sous de bons auspices. Pour Josef Braml de l'Institut allemand pour la politique étrangère, la DGAP, la visite de Frank-Walter Steinmeier va cependant bien au-delà des ronds de jambes diplomatiques:
"C'est aussi une compétition politique qui se joue. Une compétition sur le plan intérieur. En Allemagne, la chancellerie et le ministère des Affaires étrangères sont dirigés par deux parties différents. Or, il est de bon ton de montrer qu'on est l'ami des Etats-Unis lorsqu'on est social démocrate. Frank-Walter Steinmeier l'a bien compris. Et puis c'est aussi une compétition sur le plan européen. Avant d'attendre que le messie n'arrive, on va le voir pour vérifier si c'est bien lui"
Frank-Walter Steinmeier est ainsi particulièrement optimiste quant à la future coopération germano-américaine qu'il veut élargir au-delà de la seule question de l'Afghanistan. Et pourtant ce sera à coup sûr l'un des sujets abordés par la nouvelle administration américaine qui souhaite envoyer des renforts dans ce pays et qui appelle les Européens à la soutenir davantage dans la guerre contre le terrorisme, une question qui continue de diviser en Allemagne. Mais pour Josef Braml, les Américains n'attendront pas le bon plaisir des Européens pour changer de stratégie:
"Je peux assez bien imaginer que l'on adapte des structures comme l'OTAN aux nouvelles réalités. Si les partenaires européens traditionnels ne peuvent pas suivre, on demandera l'aide de nouveaux partenaires, plus forts. Cela rejoint rapidement l'idée d'une OTAN plus large, une idée que l'on n'aime pas beaucoup à Berlin, où l'on craint, peut-être à raison, que cette organisation soit en concurrence avec l'ONU en ce qui concerne la légitimation d'interventions militaires"
Outre l'Afghanistan, l'Iran et le Proche-Orient, la politique énergétique devrait être également au centre des discussions. Selon Josef Braml, c'est là un sujet où le chef de la diplomatie allemande pourrait tirer son épingle du jeu:
"L'Allemagne, sous l'impulsion de Frank-Walter Steinmeier, a beaucoup avancé sur ce thème. Il y a beaucoup de possibilités de coopération transatlantique. Les Etats-Unis, sous la direction de Barack Obama, vont changer de politique énergétique et auront besoin du savoir-faire et des technologies des Allemands et des Européens. Sur ce point, on peut avancer ensemble"
Il faudra sans doute attendre encore un peu avant de connaître le nouvel agenda transatlantique et la façon dont les uns et les autres accorderont leur violon. En attendant, Frank-Walter Steinmeier joue à fond la nouvelle carte diplomatique américaine ce qui, en temps de campagne électorale, n'est jamais inutile.